Felix Tshisekedi remet-il en cause le combat de son père?

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Félix Tshisekedi, l'état d'urgence

[Opinion] Depuis son accession au pouvoir, Felix Tshisekedi, président de la RDC, se montre de plus en plus modéré. Pourtant jusqu’à décembre 2018, moins d’un an avant, il ne comptait pas parmi les plus doux face au régime de Joseph Kabila à qui il a succédé en janvier 2019.

Membre de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), fondé par son père Etienne, Félix Tshisekedi a véhémentement dénoncé la répression de Kabila. Parfois, il a menacé de la chasser en recourant à la rue.

Félix Tshisekedi devra demander pardon à Kabila

Récemment, le chef de l’Etat congolais a eu ces mots qui surprennent certains Congolais. « Ce n’est pas facile d’être président. Ça vous, pouvez me croire. En arrivant au pouvoir, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup des chose qu’on ne savait pas comme opposant. »

C’est probablement une vérité. Certaines choses, en effet, on ne les perçoit mieux que de l’intérieur. Encore plus dans son contexte à lui : un président privé de majorité parlement et sommé ainsi de composer avec le régime qu’il a combattu.

Mais ces propos du président Tshisekedi portent un tel flou qu’on les croirait formuler des excuses. On l’a entendu, il y a quelques mois et parlant de l’opposition, qu’il soutenait l’interdiction d’une manifestation de l’opposition à Kinshasa. Parce qu’une première autorisée, en début de son mandat, avait connu des débordements.

Cela m’oblige à penser que le chef de l’Etat devrait peut-être alors demander publiquement pardon à Joseph Kabila. Puisqu’il l’a fortement critiqué sur les mêmes faits, mêmes attitudes, alors qu’il était chef de l’opposition (le Rassemblement).

Un mea culpa aux congolais

On a aussi entendu le président répondre sans réserve à une question des journalistes, lors de sa récente mission à l’étranger qui l’a conduit notamment à Rome. « Evidemment, il y a des situations qui créent l’incompréhension avec ceux qui sont au pouvoir. Parce qu’on les soupçonne en nourrissant des préjugés. »

Autrement, parfois on les soupçonne à tort, parce qu’on est loin des « réalités » du pouvoir ? On déjà pourtant entendu des kabilistes ainsi s’expliquer devant la population. Comme quoi, le nouveau président prépare, sinon appelle l’opinion à comprendre certaines lenteurs à agir vite, à sanctionner.

Un parricide, un acte de rébellion d’un fils face à son père ?

On sait par exemple qu’à Lubumbashi, la criminalité continue à déranger malgré l’implication du chef de l’Etat en avril dernier. Dans l’Ituri, dans le territoire de Beni, etc. les groupes armés continuent à sévir. Et les populations attendent des actions d’envergure pour les éradiquer.

A la fin, Félix Tshisekedi demanderait-il une clémence pour tous ces retards ? Prépare-t-il ceux à qui il a beaucoup promis qu’il risque de ne pas y parvenir ? Et c’est quoi ces réalités que le peuple ne peut pas comprendre ? Je crains qu’une telle démarche ne finisse par une sorte de parricide, pour un fils d’un opposant qui a combattu pour que « le peuple d’abord » soit heureux.

Eric Cibamba

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