La santé n’a pas de prix, elle coûte cher et cela se sent presque partout à Lubumbashi. Dans cette ville, les hôpitaux ne laissent plus s’échappent toute chance de gagner plus, qu’importe la raison. Et dans les centres de santé naissants, la situation serait plus grave encore. Les patients dénoncent des perfusions de trop à chaque situation plus ou moins urgence.
Chez nous à Lubumbashi, tous, subissons le même traitement dans nos centres hospitaliers. La prise en charge est commune à certains degrés, même pour des plaintes différentes. Bien arrivé à l’hôpital, en effet, la perfusion est très couramment, non pas proposée, mais vite administrée comme si elle suffirait à tout guérir. Mais oui, elle coûte un peu plus cher que les petits soins qu’on pourrait prescrire.
Avant tout, une perfusion, et un lit !
L’expérience de Yves Tshimbalanga conforte notre doute, notre peur. Après un accident de circulation, Yves se rend pour un contrôle de radiologie. Mais là, sans aucun malaise, il est accueilli par une perfusion, naturellement. Il n’a pas été d’accord, rejetant toute perfusion. Dans cet hôpital, médecins et infirmiers semblent systématiquement répondre comme à un ordre de l’OMS, fixant une nouvelle prise en change par perfusion.
On sait à quel point ce procédé est économiquement motivé. Il faut gonfler des factures, d’autant plus qu’une perfusion ne fait aucun mal, a priori. C’est du business non ? C’est pour multiplier les recettes. Puisqu’en plus, le patient paiera les frais d’internement, « le lit », comme on le justifie, comme si l’on pouvait être admis dans un hôpital sans occuper un lit.
Les patients, des marchandises
L’idée est soutenue par le docteur Marc (pseudo), cette fois, victime de son honnêteté. Il dit avoir été humilié avant sa révocation d’un centre de santé où il prestait à Kipushi, près de Lubumbashi. Lui, conscient de ce qui convenait, n’avait jamais voulu administrer des soins de trop, inutiles. Il découvrait alors qu’un patient était une marchandise.
Pour ce médecin qu’on dirait consciencieux, « la perfusion n’est pas l’effet de savoir soigner, mais plutôt la façon de renflouer les caisses des hôpitaux. Surtout que les malades ne viennent pas tous les jours », explique-t-il. Il ajoute : « toute perfusion n’est pas mauvaise. Il y a des cas d’urgence qui le nécessitent. »
Mais peu importe les vertus de la perfusion. La réalité c’est que de nos jours, elle est administrée vaille que vaille, bien souvent sans assez d’assurance. Il en serait autant pour plusieurs autres soins pouvant aider l’hôpital à engranger rapidement des fonds. Mais bon, tant qu’on n’a pas tué, on se dit bon soignant. C’est sans compter, en plus malheureusement, l’effet terrorisant qu’ont les perfusions sur les personnes qui les supportent. Elles disent toujours, pour plusieurs, que le cas arrivé à l’hôpital est urgent.
Eric Cibamba