Depuis 5 ans, la rumba congolaise se célèbre autrement en RDC, se hissant au meilleur de son renom. C’est le fruit de la lutte pour son inscription au patrimoine de l’humanité de l’Unesco. Ses initiateurs espèrent ainsi voir ce genre musical ouvrir une nouvelle page de son histoire.
« C’est presqu’acquis », promettent les organisateurs du festival Rumba parade. La fédération Wallonie-Bruxelles en RDC milite pour la reconnaissance internationale de la rumba congolaise. L’idée de la faire connaître comme richesse culturelle des peuples et du monde. Démarche que la fédération mène avec l’Institut des beaux-arts de Kinshasa et d’autres partenaires encore. En attendant la constitution du dossier à adresser à l’Unesco, la musique congolaise se célèbre à l’intérieur du pays. Lubumbashi vient juste, début octobre, de célébrer sa 5e édition.
Cette nouvelle édition a connu deux moments importants : un colloque où des regards scientifiques ont porté sur la culture musicale congolaise. Et une série de concerts qui a croisé la rumba congolaise et d’autres styles musicaux pour une célébration populaire.
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Mais pourquoi autant de lutte pour la rumba ?
Cette aventure dure depuis 5 ans. Selon Kathryn Brahy, déléguée générale de Wallonie-Bruxelles en RDC, « l’idée est de faire inscrire la rumba congolaise à sa place, au patrimoine mondial de l’Unesco. Une lutte qui se poursuit deux ans après l’inscription de la rumba comme patrimoine national ».
Le dossier de cette candidature, ajoute-t-elle, « doit être déposé au mois de mars (2019) ». Mais avant la fin de l’année, la rumba doit être « véritable fête populaire, bénéficiant d’un soutien et d’une célébration du peuple congolais. » L’organisation d’un colloque autour de la rumba a été l’occasion pour les scientifiques de soutenir l’idéologie de ce festival. Le genre a déjà, en effet, suscité d’intéressantes études au niveau des universités, à Kinshasa et à Lubumbashi, notamment des études des langues. Mais la musique reste un véhicule incontesté des cultures et de changements majeurs aussi bien à Kinshasa qu’ailleurs au Congo.

Qu’y gagnera l’artiste ?
Ainsi élevée et revalorisée, la musique congolaise sera capable d’être « un réel secteur de développement surtout économique et pourvoyeur d’emplois », assure Kathryn. Mais l’artiste congolais ordinaire ne le voit pas encore du même œil. Difficile pour lui de vivre de sa musique aujourd’hui et la démarche actuelle ne changera rien, craignent les musicologues. Puisqu’elle se consomme encore gratuitement tant le pouvoir d’achat de nombreux congolais reste faible, et le piratage est important.
Mais l’écrivain et professeur à l’Université de Lubumbashi Huit Mulongo ne partage pas entièrement cette lecture. Vantant les bénéfices de l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine de l’humanité, il soutient que tout le monde a à y gagner. « La grandeur d’un Etat correspond à la grandeur de sa culture. L’Unesco, faisant partie des Nations-Unies, donne de la valeur à la rumba congolaise, en la reconnaissant. Ainsi les nations auront restitué au peuple (congolais) sa culture, son importance ». Et comme gain, c’est important de ce point de vue, considère l’universitaire.
Fidèle Bwirhonde