Félix Tshisekedi et l’épreuve des groupes armés

In Congo profond
Félix Tshisekedi, Lubumbashi

Félix Tshisekedi n’aurait pas espéré mieux. Un mois après son installation comme chef de l’Etat de la RDC où s’active encore une centaine de groupes armés, le pays compte des redditions. Dans les Kasaï, au centre du pays et dans l’Est, au Sud-Kivu, l’armée nationale enregistre des succès sans combattre. Mais les défis restent grands.

La tendance pourrait faire boule de neige, si elle se maintient.

Dans les Kasaï, où environ 3000 personnes ont péri dans le conflit Kamuina Nsapu en 2017, des chefs miliciens écrivent au nouveau chef de l’Etat seulement quelques jours après sa prise des fonctions. Ils saluent son avènement et annoncent la fin de leur lutte armée.

Tshikapa, des Kamuina Nsapu rendent leurs armes

C’est ce qui arrivé précisément à Tshikapa, le mercredi 6 mars. Le chef coutumier Mbawu Nkanka, à la tête de la milice Kamuina Nsapu qu’il définit comme un mouvement politico-coutumier, a déposé les armes. « Nous enterrons la hache de guerre car le moment est venu pour le développement de notre pays », écrit-il dans une lettre au président Tshisekedi. Des semaines avant, l’armée recupérait 300 armes des milices.

Dans le Sud-Kivu, plus à l’Est de la RDC et où sont actifs de nombreux groupes armés, 150 May-May ont déposé eux aussi les armes à Kalehe le 6 mars. D’après Radio Okapi, d’autres miliciens ont agi de la même manière des jours avant en se rendant aux FARDC, l’armée nationale congolaise. Dans le Tanganyika, région la plus orientale de l’ancien Katanga, sept milices Twa (Pygmées) ont manifesté leur intention d’en finir avec la lutte armée. Ils sont en conflit avec des communautés bantu depuis 2013. Conflits qui ont provoqué le déplacement d’environ un demi-million des populations.

Dans le Nord-Kivu et dans l’Ituri, les groupes armés se taisent

Mais dans le Nord-Kivu, où circulent encore des May-May, des rebelles ougandais ADF, et dans l’Ituri plus au nord, on ne rapporte pas encore de redditions. Le président Tshisekedi, lors de la présentation de son programme d’urgence pour les 100 premiers jours de son mandat, a promis de renforcer l’appui aux forces armées et de police en vue de lutter contre les groupes armés.

Pour Ghislain Muhiwa, activiste du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), ces redditions peuvent être vues comme « une manifestation de l’espoir qu’ont tous les Congolais et particulièrement les groupes armés de l’Est et du grand Kasaï à l’égards du nouveau régime. » Les groupes armés espèrent que Felix Tshisekedi va améliorer les conditions dans l’armée nationale, commente-il. Le chef de l’Etat l’a promis une semaine plus tôt, en effet.

Félix Tshisekedi et le défi des groupes armés

L’activiste explique aussi que par ces redditions, les groupes armés expriment aussi leur volonté « à travailler avec le président de la République comme il le veut lui-même ». Mais le défis est « énorme », fait-il remarquer. Ces redditions apparaissant ainsi comme fait normal au début d’un nouveau régime. « Il faut que le président capitalise cela et anéantisse ces groupes armés », explique Ghislain Muhiwa citant le revirement du M23 sous le régime du président Kabila qui avait pourtant signé un accord de paix.

L’urgence serait alors de bien « organiser bien l’armée afin qu’elle constitue une force capable de neutraliser tout groupe armé ou toute rébellion ». Plutôt que de se contenter des négociations et brassages qui ont débouché sur « beaucoup d’infiltrations ».

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