Bongonga, Lubumbashi, mai 2019. Un groupe d’enfants joue devant leur maison. Un peu en retrait, une jeune femme, la quarantaine, fait la vaisselle et les observe. Un garçon de 10 ans accoure, avec un seau en main, vers un puits dont un vieux seau en acier sert d’ouverture. L’eau est accessible déjà à moins d’un mètre de la surface. Il en fait remonter un morceau de bidon en plastique, et déverse de l’eau dans un seau, qu’il ramène à sa mère.
C’est l’unique eau à laquelle a accès le ménage. Elle servira pour tout, y compris de boisson. Comme cette famille, beaucoup d’autres font face à cette situation, en périphérie de Lubumbashi. Ceux qui en ont les moyens se paient des purifiants, comme le chlore. Mais parfois cela ne suffit pas, tant les sources d’eaux paraissent moins sécurisées, indique David Ikebele, expert à la cellule Contrôles et environnement de la ville de Lubumbashi. « La sécurité de l’eau, c’est d’abord la fiabilité, sa qualité, explique-t-il.
Bongonga, et de l’eau difficilement accessible à Lubumbashi

Or, ceux qui n’ont pas l’eau de robinet, creusent de manière artisanale, des puits où l’eau est parfois accessible à 1m de profondeur, comme c’est le cas à Bongonga, il faut des services capables de chercher une eau de qualité en profondeur, explique David Ikibele. « Il faut être sûr que la personne qui creuse attrape la nappe qui n’est pas infectée. Aussi, insiste John Shamamba de l’ONG ACD engagée dans l’assainissement et creusage de puits, vous pouvez être en profondeur, à 50 à 60m mais la nappe est infectée, si la technique utilisée n’est pas bonne ».
Aussi, lorsqu’il pleut dans ce quartier à forte promiscuité, « l’eau de ruissellement inonde plusieurs parcelles », explique une habitante du quartier. Ce qui permet la communication entre les puits souvent pas bien couverts, et les fosses septiques qui sont mal entretenues et entre-ouvertes.
Des puits artisanaux et de l’eau impropre pour les pauvres

Dans les quartiers défavorisés, dès lors, les puits artisanaux ne garantissent pas les conditions minimales d’étanchéité nécessaire. « Vous creusez l’eau, et à une petite distance il y a des toilettes. Il y a des maladies hydriques qui peuvent contaminer les gens à partir de cette eau », déplore David Ikibele.
« Il y a des normes pour forer un puits, explique John Shamamba. Vous devez vous éloigner de 30m des latrines. Mais imaginez-vous une personne qui a une parcelle de 15m sur 15 et demande de forer un puits. Ce puits-là ne respectera pas les normes. Entre-temps, il a besoin d’eau, ou il a un puits chez lui », déplore-t-il. D’où la nécessité de recourir aux moyens, toutefois plus coûteux encore à l’instar des joints d’étanchéité sanitaire.
En tout, l’eau est ainsi rarement de bonne qualité pour rassurer en plus de bonnes conditions sanitaires des consommateurs. Ainsi, par exemple, Bongonga, Ruashi, et Kenya, sont des parties de Lubumbashi où resurgit l’épidémie d’Ebola depuis plus de 5 ans.
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Le choléra frappé près de 2000 personne en 2019 à Lubumbashi

Ainsi, indique le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA, entre le 1er janvier et le 24 avril 2019, le Haut-Katanga a rapporté un total de 2 804 cas de choléra dont 60 décès. Lubumbashi seul compte 80% des cas signalés enregistrés.
Même si depuis avril 2019 la ville ne compte plus que 38 cas la semaine (contre 194 en janvier), voire sensiblement moins encore d’après les sources médicales aux centres de traitement de l’épidémie à Sendwe et à Kamalondo, l’eau reste un véritable défi. L’assainissement du milieu, certes, compte parmi les facteurs de résurgence de cette maladie dans les quartiers populaires. Mais associé au manque de sources d’eau de qualité, ce problème rend vulnérables des milliers, voire des millions d’habitants à Lubumbashi et dans plusieurs contrées de la RDC.
Didier Makal