Un policier a battu, jusqu’à ke fracturer, un ransporteur de marchandises à vélo, mardi à Kasumbalesa. Il aurait refusé de payer un droit de passage dans un circuit frauduleux, appelé bilanga, de la Zambie à la RDC. L’incident a déclenché des protestations.
Le bilan non-officiel, qu’en dresse un acteur de la société contacté par La Guardia, donne une dizaine de blessés, dont deux par balles. Les troubles ont en plus, perturbé le trafic entre la Zambie et Kasumbalesa, en RDC au niveau de la douane.
Une triple fracture sur une personne vivant avec handicap
A l’origine de ces troubles qui ont mobilisé les transporteurs et quelques habitants de Kasumbalesa, des violences policières, sur ordre d’un commandant de la police congolaise.
Les sources sur place, à la douane congolaise, indiquent que la victime, homme, transportait des marchandises par vélo. Il s’agit d’une personne vivant avec handicap qui, comme beaucoup d’autres de son état, assurent le passage de marchandises en se servant d’un espace derrière leurs vélos ou trotteuses.
Chose regrettable que j’ai observé aujourd’hui à la frontière de la #RDCongo et la #Zambie : un monsieur handicapé a été fracturé par un policier Congolais trois fois à la jambe. Où allons-nous avec ce pays ? @CongoHandicap @luchaRDC @habariRDC @FBwirhonde @MUKALENGM
— (Sté)phane Kabamba (@StephaneKabamb) August 20, 2019
Des policiers l’auraient interpellé en pleine fraude, dans le « bilanga », appellation d’une zone par laquelle passent les produits de la contrebande douanière. Il ramenait côté congolais, dans le Haut-Katanga, des produits d’une personne qui l’avait embauché.
Un droit de passage de 300 Francs congolais à Kasumbalesa
D’après les autres transporteurs à vélo, qui ont protesté les premiers, un commandant de la police aurait ordonné de passer à tabac le transporteur qui ne voulait rien payer. Celui-ci s’en est sorti avec une fracture. Une autre source, contactée par Congo Durable, parle même d’une triple fracture, comme le confirme par ailleurs Stéphane Kabamba. Il dit avoir lui aussi vu la victime, avec ses fractures à la jambe.
« Le problème, explique-t-il, c’est que le monsieur handicapé n’a pas voulu payer son jeton qui revient à 300 Francs congolais [moins de 1/4 de 1USD, Ndlr] C’est le droit de passage [par la fraude] vers la Zambie. Et en cet instant, le policier a commencé à le tracasser pour qu’il puisse payer son jeton. Mais le monsieur a persisté dans son refus. Le policier s’est mis en colère et a frappé notre handicapé jussu’à la fracture de sa jambe… ».
C’est alors que tout est parti en vrille. Puisqu’en plus des transporteurs, d’autres personnes ont rejoint la manifestation. Tous les trafiquants qui avaient déjà payé leurs marchandises en Zambie, et qui attendaient de les acheminer au Congo par le bilanga, n’ont pas pu passer à temps. Même les manutentionnaires ont refusé de travailler, par solidarité avec le transporteur fracturé, explique Stéphane Kabamba.
Début août, le maire de la ville de Kasumbalesa avait promis de combattre le bilanga jusqu’à sa disparition. Il estimait que la pratique faisait perdre des fonds à l’État.
