Ils vivent sur presque toutes les routes de Lubumbashi. Les enfants de rue, en provenance de plusieurs parties du pays exposés à toutes les affres de la rue, notamment le viol. Ils vont jusqu’à vendre du sexe pour avoir du pain et survivre. Une exploitation sexuelle opérée par des personnes adultes qui tirent profit de la misère de ces enfants.
Vivre et survivre pour les enfants de rue mobilise beaucoup de courage et d’énergie mais aussi de souplesse et d’intelligence. Mais parfois, tout cela ne suffit jamais quand les réalités de la rue prennent le dessus. C’est ainsi que naissent bandits et prostituées endurcis au fil du temps.
Des témoignages glaçants de deux mineures
Mimy Misengahu a 14 ans et vit dans la rue à Lubumbashi. Un soir, il y a presque un an, alors qu’elle trainait dans la commune Kamalondo, la plus mouvementée de la ville, une bande de 14 garçons a abusé d’elle. C’est le jour où tout a basculé.
« L’année passée, 14 garçons m’avaient pris de force au environ de 21 heure. Tous avaient abusé de moi dans les rails, près du marché Djandja [un marché spécialisé en poissons séché à Lubumbashi, ndlr] », témoigne-t-elle. Malheureusement, il y a eu une deuxième fois
Aujourd’hui, Mymy est toujours une enfant et voit avec d’autres filles qu’elle a trouvées dans la rue plus tard. Mais les souvenirs de ces deux viols ne l’ont que révoltée.
Désormais, elle se vend pour de l’argent au lieu de se faire violer et gratuitement. Pourtant, même payé, l’acte demeure un viol au regard de l’âge de Mymy.
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Elle explique que son choix n’est que simple quête de subsistance. « Nous vivons mal et avons du mal à nous nourrir. Pour survivre, je me donne à des hommes adultes pendant dans la nuit contre 2000 ou 3000 francs congolais au minimum [moins de 2Usd] », explique-t-elle douloureusement.
A ses cotés vit Judith Fatuma, incapable de continuer à vendre sont corps malgré son envie de le faire pour survivre. En effet, Fatuma souffre de syphilis.
« Moi, témoigne-t-elle, je n’y vais plus parce que je suis atteinte de la syphilis. J’ai des plaies sur mon organe génital ». Visiblement, elle s’est décroché cette maladie dans la rue et peut l’avoir propagé, hélas.
Souffrances majeures au-delà des enfants de rue
Dans le fond, ces filles ne sont que des victimes, de leur situation et des adultes sans vergogne. Une activité sexuelle précoce et ce avec plusieurs partenaires expose pathologie, selon le gynécologue Kitenge. Médicalement, il explique qu’il « un risque de grossesse non désirée, d’attraper un cancer du col, des traumatismes et maladies sexuellement transmissible ou des infections, alors qu’elles ne peuvent accéder aux soins ».
Psychologiquement, « ces filles peuvent devenir frigides, parfois tombées sou le coup de la anaphrodisie ou du vaginisme », explique le gynécologue. Et psychologiquement, c’est « un stress post traumatique » qui ruine la vie des victimes, jusqu’à modifier leurs comportements à la suite des douleurs subies. Les conséquences s’étendent sur le plan social, ajoute le médecin. Une victime non suivie perd l’estime et développe de l’insolence. Elle finit souvent isolée socialement.
Selon les responsables de la Maison Bakanja tenue par les prêtres salésiens de Don Bosco et accueillant des enfants en rupture familiale, en juin 2020, au moins 13 adolescentes étaient enceintes dans les de la ville. Ils expliquent que « les filles sont plus instables et difficiles à suivre. »
Huguette Luhandu