L’armée congolaise ne manquera plus que des casernes. Bientôt, ses soldats pourraient manquer de camps aussi. D’ailleurs, ils n’en ont presque plus dans plusieurs villes du pays à l’exemple de Lubumbashi. Ici, la population civile construit et habite dans les camps militaires. Et désormais, c’est normal.
Certains civils auraient même délogé des soldats. Une affirmation à peine croyable. Pourtant sur le terrain, certains militaires n’ont même pas de cabane dans leurs propres camps. Ils sont emprisonnés par des constructions civiles de plus en plus nombreuses.
Mais les choses ne devraient pas être ainsi. En principe, un camp militaire devrait être éloigné de la population civile. Et c’est notamment pour des raisons sécuritaires, stratégiques et d’estime de l’armée.
Des camps militaires rattrapés par la civilisation
À Lubumbashi en effet, l’un des cas connus s’appelle Kasapa, non loin de l’Université de Lubumbashi. Ici, c’est à peine si les maisons du camp sont encore visibles. Elles sont envahies par la population civile. Autrefois, cet endroit était mystifié, excentré de la population et même de la ville.
En effet, Lubumbashi état moins étendue qu’aujourd’hui. On ne pouvait imaginer la population civile circulant ni autour ni dans un camp militaire.
Dans l’autre sens, un autre camp s’efface. C’est le Camp Major Vangu dans la commune Kampemba. La même commune où se trouve le camp préfabriqué. Des constructions disparates ou encore des échoppes font le décor plutôt funeste de ces habitats militaires.
L’armée devrait-elle quitter ses propres camps militaires ?
Au camp Major Vangu, nous avons rencontré une dame pensive devant ce qui fait sa maison. Elle est intéressée par la question. Et pour elle, on devrait « normalement raser ce camp et construire un autre plus loin comme c’était avant. Car ce lieu est maintenant un camp plus civil que militaire ».
Car, la présence accrue de la population autour et dans des camps militaires apporte son lot des problèmes. L’insécurité s’accentue et le coupable c’est bien ces soldats, pointés par les civils. Jusqu’à réclamer le remplacement des têtes des troupes pour donner une chance à la sécurité d’exister. Surtout qu’ils sont souvent, sans occupation et en divagation au quartier ou plutôt au camp.
Des accusations de ce genre contre les soldats couvrent vol, viol, intimidations, extorsions, assassinat, etc. Et aujourd’hui, ils sont souvent arrêtés parmi des bandits qu’ils ne pouvaient côtoyer autrefois que pour les arrêter.
La faute au gouvernement congolais
Mais dans le fond, l’état congolais est le seul coupable. Ses soldats ne sont pas parmi les mieux payés. Son armée n’a plus de casernes et pas non plus le respect de la population. Bref, les conflits civilo-militaires ternissent l’image de l’état et même de la nation.
Des militaires souvent pauvres, même les gradés, jusqu’à devenir mendiants. Une image présente dans les différents camps qui sont aussi comme des prisons. Et pour survivre, ils improvisent des barrières et inventent des infractions. Et la hiérarchie ne peut rien faire car tout aussi bénéficiaire du butin quotidien.
Difficile dans ces conditions d’établir une relation de confiance entre l’armée et la population. Pas quand un militaire peut s’enivrer parmi les civils, uriner dans la rue, se bagarrer tel un enfant, et se faire dénigrer parce qu’il est plus toléré que accepté.
Toutes ces raisons et tant d’autres concourent au désir de délocalisation des camps militaires. Un démarche coûteuse mais salutaire pour l’armée et ses différents services.