C’est un naufrage. Ce que vit l’UDPS Tshisekedi, le parti du président Félix Tshisekedi Tshilombo. Depuis que Jean-Marc Kabund, naguère l’aile dure du parti et l’agent tout risque a lancé ses critiques, tout va en vrille. Officiels du parti et combattants se sentent obligés de dire le mal qu’ils peuvent de l’exclu du parti.
En trois décennies de luttes pour la démocratie et le progrès social, en parti social-démocrate, l’UDPS Tshisekedi a fait rêver. Au regard de la crise actuelle, qui sûrement passera comme d’autres avant, il y a lieu de croire que c’était avant tout une affaire d’homme.
Le sphinx et le fils Tshisekedi : petite histoire de lutte et rêves
L’homme, ici, déifié en le bombardant du qualificatif de « Sphinx de Limite », commune de Kinshasa où il est passé pour Dieu, n’est rien d’autre que le père de Félix. L’actuel chef de l’Etat congolais.
Dans son réquisitoire qui le tient pour un « danger pour le pays », d’après ses propres mots, Kabund dépeint un président de la République qui est dans la jouissance. Plutôt que dans le devoir.
Ce qui, pour Augustin Kabuya, le secrétaire général du parti qui faisait avec lui le corps des durs, mérite une réponse en règle. Mercredi 20 juillet, il répond à Kabund en interrogeant sur son enrichissement trop rapide. Remarquable, en fait, pour un enfant de Kamina arrivé à Kinshasa sans moyens qui le fassent remarquer.
La partie réjouit les Kabilistes qui ont, enfin, une célébration digne d’une canonisation de leur idole. Joseph Kabila. Les linges sales se l’avent désormais en public, quelque part sur le boulevard du 30 juin ou sur Lumumba à Kinshasa. Et, c’est dit urbi et orbi, que Kabila n’a pas été aussi mal qu’on l’a cru.
Sur le coup, il faut lire une RDC qui vient de boucler la boucle. Enfin, s’il était besoin de juger de l’état d’avancement de la démocratie!
Comme à l’époque du G7 contre Kabila
Quand on écoute d’autres membres comme le député national Coco Mulongo de l’UDPS Tshisekedi, la tendance se maintient. On ne peut qu’imaginer revivre des épisodes entiers de l’époque Kabila. Époque où, le G7 de Pierre Lumbi, Charles Mwando et compères soutenant l’opposant Moïse Katumbi, avaient doit durant de longs mois, à des attaques personnelles plutôt qu’à un débat d’idées sur les faits reprochés au chef défendu.
Félix Tshisekedi n’est jamais responsable de rien. Ses proches trouvent toujours des gens à accuser. Des fautifs, des méchants. Kabila, puis Kamerhe, Kabund, … C’est qui le prochain K. sur la liste?
Le vrai problème ici, pour revenir au principal, c’est qu’on ne s’arrête pas sur le réquisitoire de maître Kabund. Il est étudiant en droit, et son envie de dire la justice, on la sent dans ses mots, dans ses trop plein de lui-même. Peut-être même, et les tshisekedistes qui le lui rappellent ne ratent pas le moment, jusqu’à oublier comment il a acquis son aisance matérielle qui lui a permis, pour Kabuya, de bâtir une école à coup de 350.000$.
En tout, Kabund est insulté, par les uns, dénoncé comme fraudeur pour s’être fait passer pour un Katangais auprès du Sphinx. Celui-ci aurait voulu, en le nommant, responsabiliser un Katangais, si l’on en croit le député Mulongo.
D’autres regardent son enrichissement. Pourtant, personne ne le lui a reproché pendant qu’il était dans les rangs du parti. Comme quoi, tout vous est permis tant que vous êtes avec nous. C’est malheureusement le seul Congo qu’on connaît depuis toujours. Cette fois, on espérait voir changer les choses. Non. On a pris les mêmes, et on a recommencé.
Ce n’est pas le Congo démocratique qui gagne ainsi
Mais l’oubli du peuple qu’on proclame pourtant arriver « d’abord », l’établissement d’un club d’intouchables que les Kinois ont vite qualifiés de « jouisseurs », ou encore des scandales financiers ou judiciaires éclatés en pleine République de la Gombe… Tous ces sujets méritent, tout comme l’accusation de glissement en préparation, des réponses. Il n’en sera probablement pas question. Coulons d’abord Kabund! C’est l’envie du moment.
En démocrate, l’UDPS Tshisekedi aurait gagné en hauteur en répondant aux critiques sans attaquer des personnes. Pourtant, Kabund semble par endroit recevoir le traitement pareil à celui de Katumbi par les kabilistes. Ce n’est pas le Congo démocratique qui gagne ainsi.
Toute dissidence, toute rébellion, même du M23, doit apprendre à la République à soigner sa démocratie. Revenir sur les mêmes erreurs, il n’y a pas pire Gaou, les ivoiriens l’ont bien chanté.
CD