Sale temps, ce mois de juillet 2022 pour la gouverneure du Tanganyika, Julie Ngungwa. A la tête de province depuis deux mois, à l’issue de l’élection qu’elle a remportée le 6 mai juin, la gouverneure doit se battre sur trois fronts à la fois.
La colère des étudiants, qui ont exigé la reprise des cours. Bonne nouvelle, cette reprise aura lieu le 2 août, d’après l’annonce du 29 juillet qu’a faite le syndicat. Il a rencontré la gouverneure Julie Ngungwa qui l’a invité pour une harmonisation de la situation.
En même temps, la sortie de son gouvernement rencontre des mécontentements. Le territoire de Kabalo serait mal représenté, et cela fâche à Kalemie. Au même moment, elle doit compter avec une assemblée provinciale où les violons ne s’accordent pas entre élus.
L’université de Kalemie, le coup de fil de trop
En juillet, la gouverneure appelle au téléphone le recteur de l’Université de Kalemie, Victor Kalunga. Elle lui enjoint, dans 48 heures, de restaurer dans leurs fonctions deux membres du comité de gestion.
En effet, depuis mai 2022, les anciens secrétaires généraux Kisonga Kasyulwe Désiré et Lwamba Muganza Justin ont perdu leurs fonctions. Kasongo Mayele Job et Isengoma Kipimo Emmanuel ont pris leurs fonctions. Et même les deux anciens étaient absents, puisqu’ils ont boudé la décision du ministre national des universités et institutions d’enseignement supérieur, la remise et reprise a eu lieu.
Le ministère avait même pris soin de dépêcher un délégué qui, pour la cérémonie, avait requis un OPJ auprès de la cour d’appel de Kalemie. C’était sans imaginer ce qui allait suivre.
Dans son appel, la gouverneure Julie Ngungwa a imputé au recteur Kalunga le remplacement de ses anciens secrétaires généraux par d’autres. L’appel n’a pas été cordial, mentionne le site Apalisinfo.net qui en rapporte le contenu.
Des accents politiques dans un refus d’ingérence de Julie Ngungwa
Le recteur Victor Kalunga refuse donc de céder à la pression de la gouverneure qui met en cause la décision du ministre de tutelle. Le syndicat, qui semble pourtant bien accueillir les nouveaux changements à l’Unikal, déclare une grève. Et alors gronde la colère des étudiants.
Les universités sont censées rester apolitiques, en RDC, conformément aux lois nationales. Mais dans leur dénonciation de l’ingérence de la gouverneure Ngungwa, les membres de l’Unikal empruntent des accents politiques.
Un internaute s’en indigne sur Twitter. Je suis « passé à l’université de Kalemie. Voici ce que j’ai vu, de très mauvais goût. Des autorités académiques qui instrumentalisent les étudiants dans une institution apolitique », écrit-il.
Sur les images qu’il montre, on peut lire : « Madame Julie Ngungwa Mwayuma, une mère censée ne tue pas mais elle donne vie ». Sur une autre, la communauté universitaire annonce son soutien aux actions du président Félix Tshisekedi.
Pour Joseph Mulunda, candidat malheureux à la dernière élection du gouverneur de provence, il y a complot contre cette dernière. Il n’en dit pas plus sur les auteurs du complot.
Il n’empêche que certains voient mal les arrivées de Lubumbashi
Les anciens membres du comité de gestion de l’université de Kalemie sont clairement identifiés, dans les discours à Kalemie, comme des membres de l’Université de Lubumbashi. Dans le long papier du site Apalis Info (plus haut cité), l’auteur dénonce le règne des amis de la gouverneure venus de Lubumbashi pour prendre des postes au dépens des locaux pourtant compétents.
Bien plus, sur le plan politique, des ressortissants du territoire de Kabalo ne s’estiment pas bien représentés. Puisque la personne supposée représenter le territoire n’en serait pas reconnu comme membre.
Julie Ngungwa se trouve donc, au même moment, portée à calmer les frustrations sur l’accès aux fonctions publiques sous son mandat. Certaines personnes lui demanderaient même de remanier son gouvernement de plus de 10 membres. Toutefois, les syndicalistes ont dénoncé l’immixtion de la fondation du directeur de cabinet du président de la République, Ghislain Nyembo. Ses militants ont investi le site universitaire, selon plusieurs sources dont Cas-Info.
A l’assemblée provinciale, les députés divisés
Dans ce climat tendu, le ministre de l’Intérieur Daniel Aselo a suspendu, jeudi 28 juillet, les activités de l’assemblée provinciale de Tanganyika. Sa décision fait suite à des « actes de vandalisme » qui perpétrés mardi au bureau de cette institution, rapporte Radio Okapi.
Lire | Kisangani : les raisons de la bagarre entre députés
Comme dans la province de Tshopo, deux camps de députés se disputent la direction de l’institution. En juin, un groupe de députés (14) a réussi à déchoir le bureau. Il lui reproche, notamment, de détournement des fonds de l’organe délibérant.
Or, le bureau déchu a été réhabilité à l’issue d’un séjour à Kinshasa, appelé au ministère de l’intérieur. En son absence, pourtant, le bureau transitoire a organisé l’investiture du nouveau gouvernement provincial.
DM