RDC : 25 ans après, et si Mobutu revenait ?

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Mobutu Sese Seko

S’il était encore vivant, feu le Maréchal Mobutu aurait bientôt 92 ans. Mais celui qui était le “Roi du Zaïre” et faiseur des rois à travers l’Afrique est mort depuis 25 ans. Pendant ce temps, les plus Congolais se disputent la paternité de quelques avancées que le pays a pu faire. La démocratie, comme si elle nous allait bien, a plusieurs pères, y compris parmi les clairement dictateurs. Personne n’assume la marche en arrière que le pays connait dans plusieurs secteurs, hélas.

Conversation avec Mobutu

Tes larmes de 1990 sont mes larmes aujourd’hui devant le nouveau visage de mon pays. Ce sont pourtant ces larmes qui devraient porter la robe de “la mère de la démocratie” congolaise. En effet, 7 ans avant ta fin, tu pleurais annonçant le multipartisme, entre autres socles de la démocratie. Je me demande si tu n’aurais pas dû t’en passer !

Je m’approprie la conviction que les morts ne sont pas vraiment morts. Mais d’abord, je voudrais une conversation avec toi, l’aigle de Kawele. Je n’aurai peut-être aucune réponse, mais je me demande, cher Mobutu, comment tu te portes là-bas. Il semble que ton cercueil s’est révélé trop grand pour trouver une tombe à sa taille partout en RDC. Moi je te soupçonne de préférer Rabat aux bruits de Kinshasa.

Lire aussi : Mobutu et Tshombe, les morts exilés, jamais oubliés en RDC

Ton ami, Etienne Tshisekedi,  qui est mort en Belgique est déjà revenu au pays. Mais tu devrais déjà le savoir. Quant à toi, je ne sais pas qui de toi et de Kinshasa a trahi l’autre, mais au pays, on dit que le méchant c’est toi. Depuis que tu es parti, tes anciens alliés encore vivants t’ont rangé parmi les pires dictateurs à force de s’accrocher sur la mamelle de l’occident. Ils ont changé de noms mais pas de pratiques.

Certes tu n’étais pas démocrate, tu le sais aussi. Mais la dernière fois que ce pays pouvait chanter sa souveraineté fièrement, c’était quand-même avec toi. Je ne l’oublierai pas autant que je n’oublierai pas tes dérives non plus.

Mobutu, tu devrais revenir te repentir

Je parie que de là-haut tu te régales ou peut-être pas du spectacle entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda ne nous a plus jamais respectés depuis ton départ. Qui l’eut cru ? C’est la parfaite illustration de l’aventure du lion face au moustique. En vrai, c’est tout le monde qui se fout de nous maintenant. Je me demande si tu ne peux rien faire de là où tu es.

Mais tu sais, c’est aussi de ta faute. Avec le temps qui passe, j’ai la nette impression que tu n’aurais jamais dû déclarer le multipartisme dans ce pays. Peut-être que quelqu’un d’autre le ferait. Le désordre est criant. Les partis politiques nous noient. Or leur raison d’être demeure floue. D’autres n’ont même pas de raison. Tu ne le regrette pas ?

Tu devrais te repentir d’avoir fui le pays. Tu étais menacé, certes, mais fuir ne t’a pas sauvé non plus. Vois-tu ce qu’ils ont fait du pays ? Et tu ne peux châtier aucun d’entre eux. Peut-être que les morts sont vraiment morts finalement. Tu es parti, tu nous as oubliés. Aujourd’hui, ton Zaïre est resté tel un gros gâteau, une salle de théâtre. Ils viennent, ils vont et reviennent autour. Bref, ils se servent entre Kinshasa et l’occident. Et nous, on compte nos doigts.

Depuis ton départ, les beaux discours sont restés de plus en plus creux, fallacieux, mensongers. Toi au moins, tu savais mentir parce que tu étaient charismatiques. Tu étais intimidant certes, mais bon, on n’avait que le choix de t’aimer ou de se taire. Maintenant, on n’aime pas, on ne se tait pas non plus. C’est probablement leur meilleur score pour parler de démocratie. Finalement, je ne sais plus qui de vous je dois aimer.

Notre avenir nous est déjà volé

Voici que l’année 2023 approche, et les élections aussi arrivent. A ton temps, on savait déjà ce qui allait se passer et c’était mieux comme ça. Quand on était vert, on était sauvé. Quand on était rouge, on était en danger. Aujourd’hui aussi, on le sait d’avance, mais… Tu devrais seulement revenir arranger les choses, rien que chicoter ceux qui te vilipendent si notre bien-être ne te préoccupe plus.

Mobutu, sais-tu que désormais nos hôpitaux sont aussi malades ? Je t’informe que même nos écoles sont à la dérive alors que l’eau et l’électricité, que toi-même n’avais pas su bien répartir, ne nous obéissent plus. On en est là. On n’a plus de sucrerie, pas de gare viable, pas de train faible ni d’avion. Si tu aimes cette situation, alors continue ta vie là-bas et observe comme ton pays s’enlise.

Je préfère quand-même te prévenir : ton Equateur (Bagdolite) chéri a perdu son éclat. Nos richesses, comme à ton époque, ne font pas vraiment notre bonheur. C’est bien l’inverse, et je me demande si tel est notre destin. L’enseignement est devenu un business alors que les églises nous inondent. Tu savais que le commerce au pays est désormais une affaire d’étranger ? Tu devrais revenir. J’ai tellement à te raconter.

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