Nous ne sommes qu’à presque 13km du centre-ville de Lubumbashi. Mais déjà, on se croirait dans un autre monde. Au village Kikwanda que nous visitons, les habitants n’atteignent plus que péniblement la ville. Leur unique route est délabrée et personne ne semble s’en préoccuper parmi les décideurs. C’est la galère !
C’est pourtant une route qui vient directement du centre-ville. Il s’agit de la chaussée de Kasenga, devenue Boulevard Félix Tshisekedi. Elle a récemment reçu de l’asphalte mais seulement sur quelques kilomètres. Avant d’atteindre le village Kikwanda, la route se meurt. Et en cette période pluvieuse, la situation s’empire davantage.
A Kikwanda, les agriculteurs parmi les défavorisés
Sur cette route qu’on espère à chaque fois finir sans tomber, j’entends de partout des mises en garde. Tout le monde prévient tout le monde pour qu’il ne tombe pas. « Arrêtons-nous ici, la route n’est pas bonne ! », crie par exemple une femme, vendeuse de braise qui alerte ses compagnes.
En effet, acheminer les marchandises, produits champêtres, etc. par cette route n’est pas aisé. Sans transport public, il faut se contenter du précieux vélo ou de la moto. Et se préparer à tomber des dizaines de fois pour certains.
Les rares transporteurs qui y exercent à longueur des journées sont au service des creuseurs. Ils transportent des minerais. Et à cause de leur poids, ils contribuent davantage à la détérioration de la voie. Et les agriculteurs, eux qui n’ont pas de moyens, sont les plus gravées victimes.
Et pourtant en majorité, les habitants de Kikwanda sont des cultivateurs. Il y en a qui viennent de loin pour leurs champs à Kikwanda. Et à la récolte, ils devraient aisément évacuer leurs récoltes. Seulement, la route ne s’y prête pas et ça ne semble pas inquiéter les autorités.
Pas de route mais payez quand-même !
« Je ne peux même plus compter le nombre de fois que je tombe sur cette route. Que font nos autorités ? », s’interroge-t-il, agacé, un cultivateur transportant du manioc. Il semble abandonné par ses forces, dégoûté pour la situation.
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Un peu plus loin, une barrière est érigée et les passagers y laissent l’équivalent de 0,5$ pour traverser. De l’argent qui en réalité devrait servir à la réhabilitation de cette voie. Mais nul ne peut expliquer où il va. Il faut quand-même payer ou revenir sur ses pas.
Et malheureusement, il n’existe pas de bonne période sur ce tronçon. En saison pluvieuse, la boue et les glissades remplacent les dangereuses poussière de la saison sèche. Cette route est l’une des routes de desserte agricole qui affament Lubumbashi à cause de leur état. Or elle relie la ville de Lubumbashi à plusieurs villages loin de Kikwanda.
« Pendant la saison sèche, nous respirons la poussière. De la poussière avec tous ces minerais qui nous entourent, nous toussons très fort », se plaint Papy, un motocycliste.
Le long de cette route en effet, une entreprise minière exerce ses activités de part et d’autre. Ce qui n’est pas moins un danger sanitaire pour la population.
Par Gloria Mpanga