Sûrement, cette question vous fait penser aux conditions de voyage. Hein bien, ces conditions n’ont rien d’enviable. Si vous prenez la route, renoncez d’abord à votre zone de confort. En face, une route impitoyable et fortement délabrée, inexistante par endroits, vous attend sur quelques 467km. Deux jours, c’est le minimum qu’il vous faudra et un peu de cran pour relier Kananga et Lodja.
Le journaliste Didier Makal en a fait récemment l’expérience, en février dernier. Il raconte son aventure dans un reportage qui décrit ce que serait un voyage au pays des oubliés. Parti de Lubumbashi en avion, Makal arrive paisiblement à Kananga d’où son aventure va véritablement prendre corps. Puisque sa vraie destination, c’était la ville de Lodja.
Kananga-Lodja, l’expérience qui vous change
À la sortie de Kananga, le journaliste tombe sur une scène à laquelle il devra s’habituer. Deux camions négocient un passage presque inexistant. L’un est bloqué parce qu’en panne, l’autre roule à peine et tente dangereusement le passage. Une scène qu’on trouve à plusieurs endroits le long du parcours. Les trous, parfois très profonds, alternent avec du sable mouvant que même un 4×4 doit y aller plus lentement qu’une moto. La moto, en effet, est le moyen de transport le plus pratique dans la région.
A vélo, ces transporteurs, trafiquants ou cultivateurs, ne roulent jamais. Ils poussent seuls ou à trois pour un vélo, sur des centaines de km. Ils acheminent riz, haricot, maïs et café à Kananga. Une aventure, dirait-on, mais en réalité c’est cela même leur vraie vie. Par endroits, ce sont les rivières qui bloquent. C’est le cas de la rivière Sankuru, limite occidentale de la province du Kasaï Occidental, à Dibele. Dibele, c’est le principal centre entre Kananga et Lodja. D’ici il faut encore affronter quelques 7 km à travers une forêt dense et majestueuse.
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Sur ce tronçon, des camions restent bloqués des semaines voire des mois durant. D’autres ont été abandonnés. Il faut chaque fois, dans ce cas, se frayer une déviation si on veut aller vite. Sur sa route, Didier Makal croise des hommes transportent sel, sucre et même de la bière en provenance de Kinshasa par voie fluviale. Arrivé à Lodja, il doit affronter les réalités de la vie locale. Il en temoigne:
« Lorsqu’enfin épuisé on arrive à Lodja, il faut faire face au coût très élevé de nombreux produits. Ils parcourent d’énormes distances et souvent, dans des conditions plus couteuses pour les transporteurs. La route rend malade, si ce n’est pas le cas, c’est le véhicule qui exige de profonds soins ».
Mais après, il se dit chanceux de trouver un logement descent à Lodja. « Par bonheur, dit-il, on peut loger dans un bel hôtel à Lodja, avec de l’eau courante et chaude, et s’offrir les produits de Kinshasa. Heureusement, il faut compter aussi avec des gens déterminés à apporter un peu de sourire aux autres, dans une région très enclavée du Congo ».
Ici, c’est l’autre Congo qu’on raconte assez rarement dans des villes comme Kinshasa ou Lubumbashi. Un Congo connu de ses seuls habitants. Ailleurs, c’est simplement une histoire.
La rédaction