Président Macron: Comment dit-on vérité et sincérité en français ?

In Actualités, Opinions, Politique

Macron « hypocrite », « complice/parrain » de Paul Kagame du Rwanda, « Kagame + Macron = M23 ». Des Congolais font exploser leur colère contre le président français annoncé à Kinshasa. Si certains refusent son arrivée, le 4 mars 2023, d’autres espèrent passer le message de leur ras-le-bol lors de sa visite.

C’est dans ce cadre que 150 ONG ont publié, le 2 mars, un communiqué où ils rappellent l’appui du président Macron au régime de Kigali. Celui-ci, selon le gouvernement congolais, agresse le Congo sous le couvert de la rébellion du M23. Accusation de soutien aux rebelles confirmée par les États-Unis. D’où même la position des mouvements citoyens qui soutiennent que Macron n’est pas le bienvenu en RDC.

Les ONG attendent du président Macron une condamnation claire. Elles lui demandent de « (i) condamner l’agression du Rwanda, via le M23, contre la République démocratique du Congo (RDC), (ii) soutenir l’appel aux sanctions des Nations Unies contre le Rwanda, à l’instar de sa mobilisation pour l’Ukraine, et (iii) aider la RDC à organiser sa légitime défense ».

Macron ne verrait que ce que gagne la France

Plus donc de doute que le chef de l’Etat français a une image négative auprès de nombreux Congolais, pour la société civile. Il ne serait donc pas sincère envers le Congo et ne dirait pas la vérité. Puisqu’il passe pour un allié protecteur de la diplomatie rwandaise. En RDC, beaucoup l’accusent de ne pas clairement condamner le Rwanda au nom des intérêts de la France au Mozambique à Cabo Delgado. On se demande alors ce qu’il vient faire à Kinshasa sinon chercher ce qui intéresse la France.

Dans ce pays de l’Afrique australe, les troupes rwandaises sécurisent une société française qui exploite du gaz naturel. En retour, d’après le communiqué des ONG, Paris soutient Kigali, peu importe ses violations de la souveraineté du Congo et les conséquences de la guerre imposée au Congo.

Depuis l’affaire de l’offre de 20 millions d’euros de l’UE en faveur de l’armée rwandaise, l’opinion congolaise, du moins sur les réseaux sociaux, semble déçue par la politique étrangère française en ce qui concerne le Congo. 20 millions à l’agresseur du Congo, pour qu’il paie les armes. Au même moment, la RDC était obligée de notifier d’autres pays avant de payer les armes. Une procédure de contrôle qui ne passe pas dans ce pays. Si cette situation a depuis changé, elle s’ajoute à d’autres qui rappellent que Paris ne pèse pas pour stopper Kigali ni aider le Congo à sortir de l’insécurité où elle est empêtrée.

Les FDLR, l’alibi Rwandais pour agresser le Congo

Inutile de rappeler que si Kagame pense avoir des raisons d’agresser la RDC, au nom de la traque contre les rebelles FDLR, l’histoire retient que c’est Paris qui demanda en 1994 l’entrée au Congo des soldats rwandais accusés de génocide. Avec armes et munitions. Comme en Lybie, le service après-vente n’a pas eu lieu de la part des gouvernements français successifs. Au contraire, des dirigeants français à l’instar de Sarkozy, n’ont pas manqué d’importuner le Congo, allant jusqu’à demander de partager espace ou richesses du Congo un pays à démographie explosive et sans espace.

Lire | RDC : les organisations régionales et la paix au pays

Si l’avenir du Rwanda est au Congo, la vérité impose que le Rwanda ou ses parrains formulent des demandes et le Congo appréciera. Le respect, la sincérité et la vérité imposent aussi que les dirigeants français assument leurs responsabilités. Autant ils semblent désormais ne pas se remettre de leur responsabilité dans le malheureux génocide rwandais, autant ils devraient se sentir envers le Congo où ils ont amené la mort en demandant l’entrée des actuels FDLR.

On ne ment pas quand on dit la vérité

Plutôt que cela, Paris n’est pas sincère envers Kinshasa et ne dit pas toujours la vérité sur ce qui se passe et s’est passé. Comme c’est souvent le cas de ce pays en Afrique. Tant que ce sera le modèle politique à vendre en Afrique, le sentiment anti-France gagnera du terrain dans l’espace francophone.

Il est alors venu le moment pour que le président Macron dise enfin comment on dit vérité et sincérité en français. Pour ma part, je pense qu’on dit vérité et sincérité en regardant son interlocuteur dans les yeux et en le respectant. Le reste, ce sera le mensonge et non pas de la diplomatie. Inutile de venir jusqu’à Kinshasa pour larguer un nouveau mensonge qui semble une certitude pour plusieurs.

Il ne reste plus qu’une chose alors. Macron doit montrer qu’en français, on ne ment pas quand on dit la vérité. On est sincère alors. Demander cela n’est ni cautionner de mauvaises décisions des dirigeants congolais ni les dedouanner de leur responsabilité dans les griefs retenus contre eux par leurs voisins. Ça encore, le président Macron a un dernier rôle à jouer : rappeler à Kigali et à Kinshasa, qui sont tous francophones, que quand on dit la vérité, en français, on ne ment pas. On ne se dérobe pas. On est sincère.

Par Didier Makal

Rejoignez notre Newsletter!

Vous aimez les articles de Congo Durable? Inscrivez-vous dans la newsletter!

You may also read!

Avion Congo Aiways

Aviation en RDC : la faillite de la compagnie publique et la peine des voyageurs

Congo Airways, la compagnie d’aviation publique de la République démocratique du Congo est à ce jour à terre. La

Lire plus...
Nathan Musonda, Comme Lubumbashi-RDC

La commune de Lubumbashi se rapproche de la presse pour promouvoir ses actions et services

Le Bourgmestre de la Commune de Lubumbashi, Nathan Musonda Lembalemba, ouvre son entité aux médias locaux. Ainsi veut-il marquer

Lire plus...

L’Université de Lubumbashi lance une solution digitale de paiement des frais académiques

L'Université de Lubumbashi, en collaboration avec la Rawbank, lance une solution digitale au profit de ses étudiants. Il s'agit

Lire plus...

Mobile Sliding Menu

Designed by SoftProviders