Enterrer à Lubumbashi allait bientôt devenir impossible pour les familles ordinaires, autant qu’entretenir la tombe d’un proche. Le maire Martin Kazembe venait de signer la hausse des taxes d’inhumation. Une décision qui a mis la ville en rogne et mobilisé les forces vives. Heureusement, avant toute action de contestation, le maire s’est dédit, mieux, il est revenu à la raison.
L’arrêté urbain N°022/BUR-MAIRE/VILLE/L’SHI/2023 signé par Martin Kazembe, le 27 mars 2023, n’a que révolté la population. Dans un contexte où Lubumbashi est en crise sur tous les plans, hausser les frais relatifs aux inhumations, constructions des tombes, exhumation, incinération, etc. est tombé tel une massue sur la population. Aux affaires depuis seulement deux mois, le maire a failli se mettre ses administrés sur le dos.
Taxes d’inhumation, colère et volte-face
Lundi 10 avril, deux semaines après la signature de cette décision, la société civile a signé un communiqué annonçant « une marche de grande envergure » le 13 avril à Lubumbashi. Objectif : « dénoncer l’augmentation irrationnelle et provocatrice des taxes pour l’enterrement des morts dans la ville de Lubumbashi ». Deux jours plus tôt, l’assemblée provinciale invitait le maire mais pour des explications sur le même sujet.
Ce même lundi, le maire a reçu une délégation du cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga. À la suite de leur échange, Martin Kazembe a changé d’avis, choisissant le camp de la raison comme les médias, les élus et la population l’y invitaient. Finalement, les frais qui étaient passés du simple au triple voire au quadruple, sont revenus à la normale.
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C’est la vice-présidente du cadre de concertation de la société civile, Thérèse Safi, qui a annoncé la décision du maire. « Il [le maire] a écouté le cri de la population, il a remis les prix comme avant », a-t-elle révélé. Et d’ajouter, l’aire satisfaite: « Comme il vient de revoir [sa décision], il n’est plus question de marcher. Tout ce que nous pouvons faire, c’est revenir le remercier. Car ce n’est pas donné qu’une autorité signé un arrêté et revient dessus après avoir écouté la population ».
La grandeur d’esprit du maire de Lubumbashi
Le maire, après avoir annulé son arrêté, demeure déterminé à tirer profit des millions qu’encaisse le cimetière de Kasangiri. C’est le plus grand, le plus moderne, le mieux organisé et le plus cher des cimetières de Lubumbashi. Une rencontre est d’ailleurs annoncée avec les responsables de ce cimetière échanger dans les prochains jours.
Quoi qu’il arrive, le maire de la ville a fait preuve d’une grandeur d’esprit. Il en fallait, en effet, pour dépasser les égos et les complexes au-delà de toute vanité, pour annuler son arrêté. Cependant le maire aurait pu plus ajuster sa mesure à un niveau acceptable que se couper lui-même l’herbe au pied.
Il pourrait donner l’impression d’une autorité qui ne résiste pas à la pression. Ce qui alors mettrait en danger ses prochaines mesures. Que fera-t-il si elles sont aussi contestées ? Il s’est bien piégé, malgré son souci de plaisir à ses administrés.
Mais en s’ouvrant à la critique pour réorganiser ses mesures et la ville, Martin Kazembe pourrait marquer l’histoire. Pourvu qu’il ait décidé en âme et conscience. Qu’il n’ait subi aucune pression politique. Car une mairie est censée être une institution apolitique.
Par Fidèle Bwirhonde