Dans la soirée du 3 octobre 2023 à Lubumbashi, le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, et le ministre congolais de la communication, Patrick Muyaya, étaient devant la presse. Un exercice qui consistait en un debriefing sur la visite du chef de l’Etat dans le Haut-Katanga. Divers autres sujets abordés à l’occasion ont même détourné l’esprit du rendez-vous. C’est notamment l’insécurité à Lubumbashi, l’impayement des agents du gouvernorat ou encore le détournement des cathodes de cuivre dans la province.
Le gouverneur Jacques Kyabula, parlant de la visite du président de la république dans le Haut-Katanga, a souligné que cette province a une chance particulière. Celle de recevoir le chef de l’Etat qui ne s’est pas lassé de salir ses mains pour le bien de la population.
Jacques Kyabula et l’insécurité à Lubumbashi
L’insécurité s’est invitée parmi les sujets à l’ordre du jour. Comment va Lubumbashi aujourd’hui ?, voulait-on savoir du gouverneur Kyabula. Et pourquoi donc les cas officiellement signalés semblent en diminution ? A propos, Jacques Kyabula a fait un tour de la question sécuritaire en province, rappelant que Lubumbashi est victime du taux croissant de chômage juvénile. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, il se ventait encore du récule de l’incurité à Lubumbashi.
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En effet, selon le gouverneur Kyabula, la ville va mieux.
« Lubumbashi a connu des mouvements d’insécurité notamment à la suite d’une concentration des jeunes à la recherche de l’emploi. Mais, dira-t-il, nous avont mis en place les mesures convenables etdes moyens (…) et la situation a évolué. Il y a moins de craintes qu’avant ».
Au rendez-vous était également le dossier “cathodes de cuivre”. Que s’est-il réellement passé ? Le gouverneur du Haut-Katanga qui ne pouvait clairement designer le coupable dans un dossier qui l’a également éclaboussé, a expliqué à la presse que la justice faisait encore son travail.
Selon Jacques Kyabula, « les enquêtes continuent et les efforts de la justice vont aider » à y voir clair. Pendant ce temps, des soupçons portent toujours sur des hommes en arme, des autorités politiques de la province et des employés de l’entreprise minière TFM à qui appartiennent les cathodes de cuivre détournées.
En effet, la disparition de 120 tonnes de cathodes de cuivre appartenant à TFM, entreprise à capitaux chinois, venait d’ébranler le Haut-Katanga. La nouvelle qui éclate en juillet dernier, a révélé plusieurs autres cas de même nature.
L’épineuse question des arriérées de salaire dérange
L’autre sujet qui a volé la vedette à la visite présidentielle, c’est le dossier des agents impayés dans la fonction publique provinciale notamment au gouvernorat du Haut-Katanga. Aux yeux du grand public, la province a suffisamment de moyens. Elle ne devrait pas enregistrer des arriérées de salaire. Et pourtant, la santé économique de la province se dégrade. Qui donc est le coupable ?
Le gouverneur du Haut-Katanga, visiblement gêné par le sujet, s’est tout de même prêté au jeu. Non seulement il reconnaît les arriérées décriées par les agents du gouvernorat, mais en plus ils a un coupable. Ce sont les chantiers que la province a ouverts çà et là. Mais aussi la chute de l’activité économique en province notamment à la suite des problèmes d’électricité. Or, la province est minière et la baisse de l’activité minière n’est pas sans effet.
« Cette situation [des arriérées] est due à la conjoncture difficile que traverse notre province. C’est une situation liée à la sous-production de certaines entreprises minières qui ont connu une baisse de production. »
Par ailleurs, parlant des projets provinciaux, le gouverneur a rappelé que « la province est sur un élan de développement notamment des infrastructures. Nous bénéficions du programme de 145 territoires. (…) La province était engagée dans des projets ambitieux qu’il fallait terminer avant la tombée des pluies (…) Les routes construites sont aussi utilisées par les agents de la fonction publique provinciale. ».
Par cette explication laconique, le gouverneur a tenté de démontrer davantage que l’argent des salaires des agents a été affecté par ces chantiers. Une explication qui ne passe pas sachant que les salaires et différents programmes provinciaux sont budgétisés en amont. L’explication a suscité plus d’incompréhension que d’apaisement.
Comme pour convaincre, le gouverneur persiste : « La province était engagée dans des projets ambitieux qu’il fallait terminer avant la tombée des pluies (…) Les routes construites sont aussi utilisées par les agents de la fonction publique provinciale.
Jacques Kyabula qui, lui-même, se dit impayé pour les mêmes raisons, parle de seulement « deux mois de retard de salaire » alors que les nouvelles au gouvernorat annoncent au moins 4 voire 5 mois d’arriérées drone les services. Qui dit vrai et qui manipule l’opinion ? En tout cas, c’est la réputation de la province qui est en jeu et il faut la préserver.
Ce point de presse, prévu à 18 heures, a lui-même connu un retard de presque cinq heures. Il s’est transformé plutôt en tribunal pour le gouverneur Jacques Kyabula plus qu’il n’a exploité la visite du chef de l’État. Auss il a révélé la nécessité pour le gouvernement provincial de communiquer régulièrement avec la presse locale pour dissiper tout malentendu à chaque fois.
Par Fidèle Bwirhonde