Les différents rapports provenant de Mitwaba ne portent pas de bonnes nouvelles. Le climat sécuritaire dans ce territoire du Haut-Katanga est préoccupant. Les habitants fuient leurs maisons, la situation humanitaire se dégrade et la présence régulière des rebelles ne rassure personne. Le territoire de Mitwaba se situe à plus de 450km au Nord-Est de la ville de Lubumbashi.
La crise est sécuritaire est certaine et la protection civile devient de plus en plus difficile. C’est l’une des effets des attaques à répétition attribuées aux “mai-mai bakata katanga”.
Un désastre humanitaire à large spectre
Mercredi 24 janvier 2024 dans l’aire de santé de Kintya à plus de 70 km de la cité de Mitwaba, une nouvelle attaque d’insurgés mai-mai a été signalée. C’est le groupement Mwewa, chefferie Kyona-Ngoie. Les assaillants ont pris en otage un sous-brigadier de la police nationale congolaise et l’épouse du chef de Poste du service de renseignement de Kintya.
Au policier, les malfrats ont arraché l’arme en plus de quelques biens de valeur pris aux civiles. Un renfort militaire dépêché sur le lieu est arrivé en retard. Une incursion de plus qui a poussé la population à partir du village attaqué vers Mitwaba-centre et le territoire de Malemba Nkulu.
Au village Mazombwe dans le groupement Kabanda, les patrouilles régulières ont produit du fruit. Au total 6 insurgés armés des flèches et machettes ont été arrêtés et acheminés à Mitwaba-centre en attendant leur transfèrement à Lubumbashi.
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C’est dans ce même village que le seigneur de guerre Gédéon Kyungu Mutanga, sa femme et ses 26 acolytes s’étaient rendus aux forces de la Monusco en 2005. C’était près de la plaine de Karipopo, avant leur transfèrement devant la justice militaire à Kipushi.
La semaine dernière, rapportent nos sources sur place, un éco-garde du parc national de Upemba a trouvé la mort et un autre blessé. Ils ont été victimes des affrontements qui opposaient deux heures les éco-gardes à des éléments mai-mai dans l’aire de santé de Lusinga, à 9 km de Mitwaba-centre.
Des villages dévastés et délaissés par les gouvernants
Ces attaques à répétition ont semé une psychose dans plusieurs villages environnant Mitwaba-centre. Elles sont aussi à la base de déplacements massifs de populations forcées au refuge.
Les organisations de la société civile locale tentent d’alerter et de plaider pour les victimes en invitant les autorités congolaises à prendre en mains les menaces en présence. Malheureusement, les efforts ne suivent pas toujours conséquemment. C’est pratique une zone oubliée des autorités politiques.
Ces organisations civiles regrettent que, malgré les alertes et plaidoyers portés devant les autorités provinciales et à nationales, les unités de l’armée et de la police à Mitwaba ne sont toujours pas assez équipés. Par exemple, ils n’ont pas de moyens de mobilité pour des interventions urgentes ou pour les patrouilles.
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Pourtant, le territoire de Mitwaba est tellement vaste qu’il est plus grand que le Burundi. C’est la même plainte des autorités territoriales, délaissées sans moyens de locomotion ni financiers pour assumer leurs devoirs administratifs.
En 2016, la campagne de désarmement initiée par le gouvernement congolais à travers la Commission Nationale de Contrôle des Armes Légères et des Petits Calibres CNC-ALPC avait favorisé la création des îlots de paix et le retour massif des déplacés internes dans différents groupements de Mitwaba.
Les exactions entre Mitwaba, Pweto et Manono, ont valu à cette zone le tire malheureux de “triangle de la mort”. Ces efforts de restaurer la paix à Mitwaba n’ont helas pas été capitalisés. Jeff Mbiya qui affirme cela ajoute que Mitwaba, territoire où il a beaucoup travaillé, reste une zone en urgence.
Par Fidèle Bwirhonde avec lappui de Jeff Mbiya, Expert de la Société Civile