Félix Tshisekedi est au début de son second mandat comme président de la RDC. C’est la conséquence du 4e scrutin présidentiel pluraliste de l’histoire du pays, depuis son indépendance. Mais c’est un pays divisé, peut-être plus qu’il ne l’a été à la fin du premier mandat du président reélu. Il doit désormais l’unifier ou le réunifier et reconstruire l’espoir et la confiance du peuple.
Le score du successeur de Joseph Kabila qui a, cette fois, succédé à lui-même pour un second mandat, a fait l’objet de plusieurs commentaires avant même d’être rendu public par la centrale électorale, la CENI. Dans certains centres et bureaux de vote, Félix Tshisekedi a atteint ou avoisiné les 100%. De quoi surprendre quand on sait que durant sa campagne électorale, il a été conspué et parfois traité de « voleur » à certains endroits, répandant une véritable gêne par moment.
Score à la soviétique, hold-up électoral, fraudes massives,… les formules sont créatives les unes que les autres pour dénoncer une « élection chaotique » selon les termes de l’opposition. Mais en revanche, le camp présidentiel savourait déjà sa victoire depuis plus d’une semaine avant les résultat officiels. Dès les premières tendances partielles, parfois basées sur un seul centre de vote, ils ont prédit une victoire écrasante et ne se sont pas trompés.
C’est donc une « belle victoire », reprenent les partisans de Tshisekedi, pour ces Congolais qui ont ainsi décidé de préserver les acquis des cinq dernières années comme c’était l’appel du président sortant en novembre dernier. Mission accomplie donc !
Les mêmes problèmes, d’hier à aujourd’hui
Au-delà des polémiques, Félix Tshisekedi devra pourtant faire face à un sérieux problème qu’il n’a pas aider à canaliser pendant sa campagne. Dans ses surprenantes félicitations, alors que la centrale électorale n’avait pas encore publié les résultats des votes le 31 décembre, l’ancien chef de l’Etat Kenya Uhuru Kenyatta l’a invité à œuvrer à cela. Il s’agit à coup sûr des discours qui ont renforcé les divisions entre Congolais.
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En effet, c’était sans conteste des discours conçus pour cliver et mettre en difficulté son principal challenger, Moïse Katumbi. Mais débattre durant presque tous les 30 jours de campagne, avec des attaques autour du « candidat de l’étranger » contre un fils du pays, a profondément divisé les Congolais.
On peut le sentir dans certaines zones de l’ex-Katanga, notamment à Lubumbashi. Dans cette ville où la cohabitation se détériore entre Kasaïens et Katangais, -pourtant tous Congolais- rangés derrière Tshisekedi et Katumbi, tout peut suffire pour un départ de flamme. Et la campagne électorale clairement clivée a probablement crispé davantage cette situation au départ préoccupante.
Le plus dur dans cette crise qui joue sur les origines ethniques et les identités, c’est que le chef de l’Etat lui-même est une partie du problème, peut-on constater. Saura-t-il ressouder les morceaux d’un tissu social déchiré depuis de nombreuses crises décennales ?
Loin du Katanga, plus au Nord-Est, Bunagana reste sous le contrôle du M23 depuis plus d’une année. Et la menace s’étend sur tous les grands lieux du Nord-Kivu. Un nouveau mouvement armé s’y est déployé en même temps, sous la conduite de l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa. Ce dernier promet de renverser le président Félix Tshisekedi du pouvoir par la force.
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Félix Tshisekedi n’a pour cela pas de choix. C’est une responsabilité qui lui incombe en tant que chef de l’Etat, bien évidemment. C’est aussi lui qui doit éviter que sous sa présidence, des conflits éthniques déchirent son pays et qu’il soit particulièrement impliqué. Et les guerres ne devraient s’étendre davantage sachant que parmi ses principales promesses, il y a la fin de l’activisme rebelle. Et c’est de sa responsabilité.
Par M3