En décembre 2023, en plein processus électoral en RDC, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a lancé “iVerify RDC” à l’université de Lubumbashi pour le compte de la RDC. L’objectif est de traquer et lutter contre les fausses informations. Il s’agit d’une plateforme dédiée au fact-cheking ou la vérification des faits, implantée dans plusieurs pays. “I verify” de l’anglais veut dire « Je vérifie ».
« C’est un média de fact-checking, une initiative du PNUD qui, dans ses programmes, amplifie aussi la lutte contre la désinformation, les manipulations, les fakenews devenues une sérieuse menace aujourd’hui », explique Didier Makal, superviseur iVerify RDC. Pour le PNUD, iVerify est désormais “un bien public numérique“.
iVerify RDC, un outil pédagogique
Son implantation en période électorale était stratégique. En effet, il s’agit d’une période qui connait souvent une forte explosion de fausses informations notamment à travers internet. Selon Didier Makal, « il vaut mieux que la désinformation soit combattue avec méthode. Et iVerify poursuit cet objectif là et contribue à faire reculer la désinformation. C’est le cas en situation électorale, d’épidémie,… parce que la désinformation peut contribuer à diviser des gens et à mettre en mal l’unité nationale. »
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Après le démarrage, ce sont des étudiants qui contribuent à la vérification des faits, faisant de iVerify une plateforme pédagogique essentielle. Il sert donc à la fois de plateforme de fact-checking et d’outil d’apprentissage offert à l’Université de Lubumbashi. « On a commencé avec les étudiants de deuxième licence, mais là nous venons de sélectionner des étudiants d’autres promotions. Ils ont subi une formation pour travailler à la lutte contre la désinformation », précise le superviseur.
Une vérification à plusieurs niveaux
L’équipe est composée des vérificateurs des faits qui sont des étudiants, trois superviseurs. Elle est coordonnée par Christian Mwenze, professeur en Sciences de l’Information et de la Communication. Avant d’être publiée, l’information vérifiée passe « par trois personnes au moins. Ça nous assure que la vérification est bien faite afin qu’on commette le moins d’erreur possible ou pas du tout. On assure la correction de la forme aussi. Alors si au cours d’une vérification la première correction a laissé des erreurs, on les rattrape à la deuxième étape ou troisième ».
Chaque jour, l’équipe reçoit des alertes des personnes qui signalent de la désinformation. Cela peut être des liens, des photos, des vidéos ou des citations jugés suspects ou faux. Et même les médias peuvent aussi signaler des faits suspects. Ces alertes sont par la suite soumises à des méthodes journalistiques de vérification des faits. C’est entre autres la confrontation des sources, le recours aux sites d’informations crédibles, la descente sur le terrain. C’est parfois des appels téléphoniques pour arriver à une information vraie et vérifiable.
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Contrairement aux autres plateformes de fact-checking, iVerify laisse la possibilité au lecteur de vérifier par lui-même. Il ne s’agit pas simplement de démontrer qu’une nouvelle est fausse ou vraie. Le public a la possibilité d’accéder aux mêmes ressources utilisées par le vérificateur des faits. C’est ce qu’explique Didier Makal.
« En plus de cette procédure, on décline aussi des liens et des sources que nous avons consultées. Par exemple, nous avons contacté un tel, les gens peuvent aussi le contacter et vérifier par eux-mêmes. Pas par des liens hypertextes ou collés aux mots, mais des liens affichés quelque part de façon à ce que ça soit clairement visibles ».
En plus, les nouvelles vérifiées par iVerify sont aussi offertes aux médias qui peuvent à leur tour s’en servir pour des informations plus élaborées dans leurs rédactions.
Par Gloria Mpanga