Kabila pointe des « résultats largement mitigés » de la Monusco

In Politique
Célestin Kanyama, Monusco, Kabila

Le bilan de la mission de l’ONU en RDC, la Monusco, est largement mitigé. C’est une évaluation du président Joseph Kabila qui parlait à la tribune de l’ONU à New-York, le mardi 25 septembre. Fort de quoi, il a insisté sur le retrait substantiel des forces onusiennes.

« Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes dans mon pays et en raison de leurs résultats largement mitigés au plan opérationnel, mon gouvernement réitère son exigence du début effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale », a dit le président Kabila.

La situation sécuritaire s’est améliorée au Congo

L’appel, mieux le rappel du président Kabila, n’est certes pas nouveau. En 2016, à la même tribune de l’ONU, il l’avait dit dans un contexte tendu, comme aujourd’hui, au Congo. Après avoir dépassé le dernier mandat présidentiel sans élection ni alternance au pouvoir, les critiques de la Monusco sur les violations des droits humains qui s’en sont suivies n’avaient guère arrangé Kinshasa l’an dernier.

Mais le désamour date des années avant. Le gouvernement a plusieurs fois estimé que la situation sécuritaire s’est améliorée en RDC. Plus de raison, dès lors, pour Kinshasa, que l’ONU maintienne près de 17.000 casques bleus au pays.

La Monusco accompagne la stabilisation de la RDC

Mais sur le terrain, les événements ont souvent concouru au maintien de la plus importante force armée de l’ONU au monde. La persistance des groupes armées, par exemple, à l’est de la RDC, et plus récemment, au centre, dans les Kasaï où plus de 3000 personnes ont péri dans un conflit à caractère coutumier. En 2018, c’est l’organisation des élections dans un climat constamment tendu qui justifie la présence de la Monusco.

Aussi, opposition et pouvoir ne parvenant pas à se mettre d’accord sur l’organisation d’élections qui arrangent tous les cas, l’ONU redoute des violences. D’autant plus que le pouvoir ne cède pas à ses revendications, notamment au sujet de l’utilisation de la machine à voter aux prochains scrutins.

C’est sans compter un fichier électoral, qui contient entre 6 et 16 millions d’électeurs estimés fictifs, d’après l’opposition. Aussi, l’opposition demande toujours la libération des prisonniers politiques et le retour de l’exil, en homme libre, d’opposants visés par des procédures judiciaires.

Restriction de l’espace des libertés en RDC

Mais le pouvoir estime, par ailleurs, avoir suffisamment agi en faveur de la décrispation, en libérant plusieurs prisonniers. Un contexte de manque de confiance entre les politiques, qui justifie une fois de plus, pour le conseil de sécurité de l’ONU, le maintien de la Monusco sur le territoire congolais.

Mais, même si elle importune les dirigeants de plus en plus souverainistes, la Monusco se maintiendra encore. Parce le Congo vit une crise très inquiétante, sur le plan sécuritaire et politique. En témoignent la répression des services de sécurité et les rapports mensuels dela Monusco (pdf) sur la restriction de l’espace des libertés. Les partis et regroupements du pouvoir rassemblent facilement leurs militants, engagés dans une sorte de campagne électorale précoce. Ceux de l’opposition, en revanche, n’obtiennent pas du tout d’autorisation.

Mais la Monusco abat de l’aile

Mais sur le plan sécuritaire, l’ONU peine à convaincre plusieurs au Congo, à commencer par le président Kabila. Au Kivu, par exemple, région fortement impactée par les violences armées, les habitants ont du mal à comprendre son action. Installée dans la région, tout comme d’ailleurs les forces de sécurité congolaises, elle ne parvient pas à sécuriser davantage les civiles.

La semaine dernière, 18 personnes sont mortes dans un nouveau massacre attribué aux rebelles ougandais ADF. Sauf que ni l’ONU, ni le gouvernement congolais, même en les citant, n’ont la possibilité de prouver qu’il s’agit bien de ces rebelles ougandais tapis dans les collines autour de Beni.

C’est notamment à cette faiblesse, grave de l’ONU, qui implique pourtant celle de l’armée congolaise, que le président Kabila pense en tirant sur la force de la Monusco qu’il veut voir partir le plus vite.

Didier Makal

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