Les spectacles en salle se raréfient à Lubumbashi, comme en plein air aussi d’ailleurs. La musique est restée quasiment le seul art qui rassemble du monde, alors que les talents pullulent dans la ville. Mais depuis peu, Christian Kunda, écrivain et professeur d’université, ose se produire en salle. Il mêle poésie et musique, par exemple, et ça rassemble jeunes et personnes âgées. Comment s’y prend-t-il ? Voici l’interview qu’il a accordée Congo Durable.
Christian Kunda, vos spectacles en salle tendent à démontrer qu’à Lubumbashi les gens peuvent encore aller en salle pour des spectacles. C’est tout à fait le contraire de ce que disent de nombreux artistes. Le confirmez-vous ?
C’est justement l’objectif de nos tournées : faire revenir les gens en salle. Nos populations avaient déjà déserté les salles de spectacle, sauf pour la musique. Mais pour d’autres arts, notamment le théâtre, ce n’est pas facile. Nous offrons des spectacles gratuits jusque-là, pour y parvenir, et ça marche très bien. Nous avons réussi à sensibiliser et mobiliser les gens à s’y intéresser à Lubumbashi. Mais aussi à Kolwezi et Likasi où nous avons été invités par plusieurs personnes.
A quelles conditions les gens peuvent-ils encore aller en salle ?
En ce qui nous concerne, nous remplissons les salles mais c’est encore gratuitement. Plus tard, on tentera une expérience de faire payer de manière symbolique pour évaluer si réellement on a repris le goût de suivre des spectacles. On organisera chaque semaine, chaque mois et on verra. Mais jusqu’ici, la population est encore plus tournée vers les événements sportifs.
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Vous avez été nu acteur de théâtre en salle, et vous le redevenez. Pensez-vous que le développement des Nouvelles, TIC, gène les productions en salle?
Cela ne pourrait ou ne devrait pas gêner. L’art scénique a évolué par le passé dans des conditions du passé et maintenant nous avons les TIC. L’art doit, en effet, s’adapter à la réalité d’aujourd’hui. Le public est très capricieux, il faut donc aller vers lui. L’art scénique ne mourra pas! La salle est importante. Mais rassurez-vous, tout juste après vos prestations sur scène, que votre spectacle est repris par les TIC ! Il est même proposé finalement sur les réseaux sociaux. Tout cela est à prendre en compte. Ça ne peut pas être un frein au développement de cet art.
Christian Kunda, qu’est-ce que les universités, écoles et pouvoirs publics peuvent-ils offrir aujourd’hui pour stimuler les gens à fréquenter les salles de spectacles ?
Les pouvoirs publics constituent les subsides. Il faut savoir organiser ce qu’on appelle la politique culturelle, avec un ministère de la culture et des arts. Et puisqu’ils évoluent toujours ensemble, il faut faire la promotion des arts, y mettre de l’argent. Car lorsqu’il y a de grands acteurs, les prestations font rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Pour ce qui est des universités, ça ne sert à rien de produire des connaissances et les archiver. Il faut aller vers la société et propose. C’est bien ce que je fais en proposant des livres que je renforce avec des spectacles. Il s’agit simplement de rendre des services à la société sans être acteur politicien.
Propos recueillis par Arsène Bikina