Les associations et mouvements de jeunes sont légions dans la ville de Lubumbashi. Elles se déclarent tous apolitiques et sans but lucratif, prônant l’éveil de la conscience de la jeunesse. Mais sont-ils toujours utiles pour leurs cibles? Leurs combats font parfois, en effet, définis comme destiné à apporter des soutiens aux organisations politiques.
Les jeunes en tant que force recherchée par de nombreuses organisations sociales, pouvaient pourtant avoir une seule association. Mais non. Leurs idéaux ont beau se ressembler, les associations sont aussi multiples que les églises ou les partis politiques, à Lubumbashi.
Rassembler les jeunes contribuerait à renforcer leur culture d’échange et de partage des connaissances. C’est ce que croit le PACJ, Programme d’Aide Communautaire pour la Jeunesse, une organisation juvénile locale. « Il faut aider les jeunes vulnérables et marginalisés à être utiles dans la société », indique son président James Kimbayu.
Comment sont financées les associations des jeunes ?
Mais au-delà de leurs objectifs, les associations juvéniles ont besoin d’argent, et parfois beaucoup pour fonctionner. Qui les finance donc ? Les réponses à cette question ne sont jamais faciles.
Alpha Kabongo, président du CJE, Carrefour de Jeunes Elites, assure qu’il existe des bailleurs des fonds parfois plus généreux. Mais il s’inquiète quand il pense aux objectifs de certaines d’entre elles. « Les bailleurs de fonds conduisent souvent les objectifs des groupes associatifs à leurs propres fins ». Et donc, « pour conserver notre base ou idéologie, nous subvenons seuls à nos besoins. Mais en cas d’urgence, nous faisant appel aux partenaires », explique-t-il vaguement. Voilà qui pose problème et fait douter de l’indépendance d’action des associations, même quand elles sont véritablement apolitiques.
Des politiciens dans des mouvements apolitiques
Pour le meilleur comme pour le pire, toutes les associations qui ne sont pas attachées à un parti politique se déclarent apolitiques. Seulement, certaines d’organisations donnent à douter. Car, en effet, même les jeunes politiquement actifs peuvent fonctionner dans ces associations apolitiques. « Les jeunes ayant des partis politiques peuvent intégrer les mouvements associatifs. Mais les actions politiques qu’ils mènent ne doivent pas engager lesdits mouvements », assure le président du PACJ, James Kimbayu. Et dire qu’on peut échapper à la pression politique dans pareille situation, n’est toutefois pas difficile.
Certains mouvements de jeunes sont connus pour leurs actions sérieuses et remarquables à Lubumbashi et dans la région. Elles initient des jeunes aux actions de développement, autres à l’éveil citoyen, en perspective d’une jeunesse « responsable ». Mais plusieurs ont du mal à se montrer stables et sérieux lorsque des financements arrivent. Elles ne manquent pas d’alimenter des crises internes et ainsi laisser voler en éclat le rêve d’unité de jeunes. Le chemin du succès, tout le monde le sait pourtant, passe par l’unité d’objectifs et d’actions.■
Willy Mbuyu
