Où vont les taxes automobiles perçues à Lubumbashi?

In Congo profond, Politique
Lubumbashi, Police

Rien que la taxe de stationnement, obligatoire pour tout véhicule de transport en commun, la ville produirait au moins 25 000 USD par jour. Ces chiffres montrent suffisamment d’argent encaissé grâce aux taxes perçues par la mairie de Lubumbashi. Mais où va cet argent ? se demandent des congolais qui ont adressé, le 11 octobre, un mémorandum au parlement du Haut-Katanga.

Les signataires de ce document, des journalistes et autres contribuables congolais présentés comme des citoyens, exigent des explications de Jean-Oscar Sanguza, maire de Lubumbashi. Ils veulent savoir où va l’argent qu’ils paient, dans quel compte il est logé. Ces congolais font observer, en effet, que l’argent est perçu pour le stationnement et le parking, mais la ville n’en a pas un.

Le maire Sanguza a expliqué, un jour après ces accusations, qu’avec l’argent perçu, il a payé 10 camions pour l’évacuation des ordures dans la ville. Ces véhicules sont visibles dans la ville et travaillent presque régulièrement. A la même occasion, il expliquait que l’argent servait aussi à enterrer les indigents, abandonnés dans morgues publiques.

Ces camions sont, toutefois, loin de répondre au besoin réel pour une ville d’environ 2.5 à 6 millions d’habitants. Mais pour les signataires de ce mémorandum, ces explications ne suffisent pas. Puisque, d’après Junior Ndala, un des signataires, la mairie perçoit cet argent journellement, 25 000 USD, depuis 5 ans que Sanguza dirige la ville de Lubumbashi.

Le transport urbain privé, un puits sans fond

La mairie de Lubumbashi a des taxes qui relèvent de son ressort au terme du processus de décentralisation prévu par la Constitution de la RDC. C’est ainsi que chaque taxi, mini-bus ou bus débourse annuellement 30 USD comme taxe de stationnement. D’après Charles Masangu, le chef urbain de transport contacté par Radio Okapi, la ville compterait près de 5 500 véhicules privés opérant dans le secteur. Chacun d’eux paie, en plus, pour le droit de parking 1 000 CDF (Francs congolais) journellement pour les taxis, 1 500 pour les mini-bus et 5 000 pour les bus reliant Lubumbashi à Likasi.

Le chef urbain de transport cite aussi le paiement, obligatoire, des « autocollant et enseignes » à 50 USD pour toutes marques. Il s’agit d’un numéro d’ordre affiché sur les flancs d’automobiles, différents des plaques d’immatriculation (conventionnelles).

Les signataires du mémo avancent des chiffres salés

Ces chiffres contrastent, par ailleurs, avec ceux des signataires du mémorandum. D’après le journaliste Junior Ndala, « il est établi que Lubumbashi compte » 4 500 taxis, 10 000 taxi-bus et environ 1 000 bus Rosa. Au sujet des frais de stationnement journaliers, les chiffres contrastent aussi avec ceux du chef urbain de transport. Il parle de 1 000 CDF, 3 000 le taxi-bus et 5 000 le gros bus (Rosa). Tout calcul fait, la mairie de Lubumbashi engrangerait alors 25 000 USD par jour, d’après les signataires du mémorandum.

Il n’est toutefois pas facile d’avancer une estimation se basant sur les chiffres du chef urbain de transport qui ne sont pas assez détaillés. Il parle d’environ 2 500 taxis, 3 000 mini-bus et rien sur les bus.

Lire aussi “Civisme fiscal et discours “courtois” : leçons au maire de Lubumbashi

Les chiffres ne considèrent pas, en plus, les 30 USD de la taxe sur le stationnement et les 50 USD des autocollants et enseigne. Chaque transporteur de taxi paierait alors, annuellement, 308,1 UDS. Mais les transporteurs, sur le terrain, estiment entre 800 et 1 000 dollars leurs dépenses. Puis en plus des frais de la ville, affirment-ils, ils doivent payer des taxes qui relèvent de la fiscalité provinciale. Ils paient, en effet, la patente, le contrôle technique et la vignette. Et, ils doivent aussi peindre leurs véhicules aux couleurs de la ville : rouge-blanc.

Lors de son entretient avec les journalistes, le maire a rassuré qu’un audit a lieu régulièrement et qu’il ne se reproche de rien. Là encore, une fois, les signataires du mémorandum interrogent sur base de quelles références cet audit a lieu. Ils soupçonnent des valeurs réduites des taxes à la banque que sur le terrain.

Pas d’impact visible des taxes urbaines

L’autre question soulevée par les « compatriotes » au mémorandum, c’est ce à quoi servent d’autres taxes que la mairie perçoit dans les marchés centraux, à travers la ville. Les vendeurs paient les taxes pour l’étalage et sur les immondices qui sont journalières. Mais aussi la patente. Congo Durable n’a pas pu obtenir des chiffres exacts et concordants à ce sujet.

Les parkings n’existent pas, en réalité, en tant qu’espaces aménagés, bâtis, avec des infrastructures propres, des toilettes, hangars et sièges, par exemple. Ce sont plutôt des coins de rues, ou des espaces d’avenues plus spacieuses sur des tronçons délimités, où des véhicules de transports inter-communes sont autorisés de stationner. C’est pour ces espaces invraisemblables qu’est payée notamment la taxe de stationnement. Ils sont, pourtant des plus sollicités de Lubumbashi, avec des affluences presque tous les jours, de 7 à 12 heures.

Didier Makal

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