Mariusca Moukengwe, à peine 22 ans, est slameuse du Congo Brazzaville. Elle d’un monde rempli des slameurs et surtout des slameuses. Un monde pourtant peu considéré. A Lubumbashi, deuxième ville de la République démocratique du Congo, elle a effectué des rencontres avec de nombreux artistes et slameurs. Elle explique, dans cet entretien, sa passion pour cet art qui l’a choisie.
Congo Durable : Depuis quand êtes-vous dans le slam ?
Mariusca Moukengwe : Je slame depuis fin 2015. Mais j’écris depuis que j’ai 11 ans.
Qu’est-ce qui vous y a conduite ? Ce n’est pas ordinaire pour de jeunes filles de votre âge.
Le désir de me sentir vivante, de pouvoir m’exprimer. L’art est pour moi une thérapie. Un moyen de me connaître, de me découvrir. Ce qui m’a le plus poussée à faire du slam, c’est l’Amour de la vie, la passion du poète qui dialogue avec sa plume. Ce n’est pas moi qui ai choisi l’Art, c’est lui qui est venu à moi. Il m’a pris dans ses bras et m’a dit: « tu peux être ce que tu veux avec moi. »
Que vous apporte le slam à ce jour : sait-on en vivre ?
Le slam au Congo est un Art très peu connu du public. Il est difficile, sinon impossible pour un artiste congolais à ce jour de ne dépendre financièrement que du Slam. Parce qu’il n’y a pas assez sinon pas de partenaires qui peuvent investir dans le domaine pour l’instant. Excepté certains centres d’art qui produisent des artistes. En bref, les revenus des spectacles de slam ne font pas vivre le slameur congolais.
Depuis que vous slamez, à combien évaluez-vous votre revenu par mois ?
Le montant varie entre le bénévolat et 200$. Mais cela ne m’empêche pas de continuer à travailler au quotidien. En tout cas jusque-là.
Quel est votre rêve pour le slam dans un pays où la rumba et le ndombolo font rage?
Que le slam trouve sa place dans le cœur du public. La place qui lui est dûe. Il ne s’agit pas de mettre les arts en concurrence. Il est question de rendre à la parole ce qui est à la parole et au corps ce qui est au corps.
Propos recueillis par Eric Cibamba