Jusqu’à samedi 26 octobre, Emmanuel Shadary a continué son séjour dans le Haut-Katanga. Dans une adresse aux sympathisants de son parti, le PPRD, ce candidat malheureux à la dernière présidentielle congolaise (2018) a de nouveau lancé des piques contre le pouvoir.
Précisément, Emmanuel Shadary a visé plusieurs fois le président Félix Tshisekedi. Sans le citer. A l’ouverture des assises de Lubumbashi, le 22 octobre, sur notamment l’évaluation du dernier processus électoral, il n’avait pas pris de détour.
Tshisekedi président, Kabila chef de l’État ?
Le secrétaire permanent du PPRD, parti de l’ancien président Joseph Kabila, a fustigé l’impunité et le détournement au sein du pouvoir.
Beaucoup y avaient vu alors une référence à l’affaire de disparition de 15 millions de dollars impliquant des proches du président de la République, Félix Tshisekedi. D’ailleurs Shadary ne le voit pas, depuis un temps, comme véritablement engagé contre ce scandale, le détournement.
Shadary a, à propos, déploré une « normalisation » du détournement, en référence à un propos du président Tshisekedi où il parlait de rétrocomission plutôt que de détournement dans cette affaire de 15 millions.
« Nous n’allons pas construire un Congo émergent sous un régime décrété officiellement régime d’impunité », a déclaré Shadary, le 24 octobre à Lubumbashi.
En visite à Kipushi, puis à Likasi dans le Haut-Katanga, le samedi 26 octobre, il a poursuivi ce qui paraît comme une défiance. Cette fois, c’est à demi-mot qu’il a évoqué Félix Tshisekedi, toujours dans son viseur.
« Kabila est le chef du FCC qui est la puissance politique du Congo, déclarait Shadary. Kabila est le chef du PPRD qui est la puissance du Congo, Kabila est le propriétaire de l’Etat, il est l’acteur majeur et principal de la RDC. Kabila est là », a-t-il conclu.
La réponse du berger à la bergère
Ces propos sont bien parvenus aux concernés. A Lubumbashi, on a même redouté une protestation des militants de l’UDPS. Mais c’est plutôt Gabriel Kyungu wa Kumwanza, opposant politique allié du président Félix Tshisekedi, qui a répondu le premier dans un meeting, le dimanche 27 octobre.
Il met en garde Emmanuel Shadary, rappelant que des poursuites judiciaires restent toujours possibles contre des responsables de l’ancien régime, y compris Joseph Kabila.
Lire à propos : Joseph Kabila éligible à la présidentielle, à la CPI aussi (Kyungu)
Même rhétorique par ailleurs de la part de l’UDPS. A Kinshasa, Augustin Kabuya a fait savoir qu’ils ne peuvent pas rester sans reagir, à l’UDPS. Pas quand on tire sur le président tous les jours.
« Pour ce qui est de l’impunité, c’est un dossier sensible, a-t-il déclaré. S’il s’aventure sur cette voie, il ne s’en sortira pas. Le chef de l’Etat avait dit que cela ne servait à rien de regarder derrière, tournons nous vers l’avenir », rappelait l’UDPS.
Des révélations possibles à l’avenir
Puis, Kabuya menace, ou presque Shadary : « S’il ne met pas sa langue dans sa poche, je mettrai beaucoup d’autres choses sur la place publique. Ce n’était qu’un avant-goût », avant d’appeler au calme les membres de l’UDPS, « combattants ».
Depuis le début de la coalition gouvernementale, des militants du PPRD et de l’UDPS se sont affrontés à Lubumbashi et à Kinshasa. C’était notamment autour des divergences sur la formation du gouvernement.