A la suite d’un début de semaine secoué à Lubumbashi, des jeunes de quelques quartiers en insécurité ont manifesté mercredi 4 mars. Dans le fond, ils dénoncent la croissance incessante de la criminalité dans la ville. Certains en auraient appelé à la démission des autorités à qui ils reprochent de ne pas les sécuriser.
La déferlante ainsi enclenchée pourrait emporter des vies si la flèche ne retombe pas. Car dans une ville voulue cosmopolite, regarder un compatriote comme une menace sur base de ses origines semble dangereux. Pourtant, clairement, des jeunes positionnés comme “originaires”, accusent les “Kasaïens” (originaires du Kasaï), de créer l’ insécurité.
« Les non originaires », ceux n’appartenant ni aux tribus de ce que fut le Katanga ni à celles du Haut-Katanga, sont en effet les coupables désignés. Le peuple de l’ex-Katanga, serait-il penché à ressusciter les démons de la décennie quatre-vingt-dix ? Nul doute ! Pourtant, on n’a pas oublié les exactions de l’époque ni leurs traces aujourd’hui.
Une manipulation politique supposée
Si la xénophobie a sa place entre compatriotes, que dira-t-on finalement des véritables étrangers ? La question vaut son sens face à des voisins qui peuvent maintenant s’entretuer à cause de la différence de tribu.
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Dans une vidéo publiée sur internet, on entend un jeune non identifié menacer les congolais n’ayant pas les racines katangaises, spécialement ceux originaire du Kassaï. Aucun lien avec l’insécurité n’est directement établi. Mais dans la vidéo, le message est on peut plus clair.
« Je suis en train de mettre en garde la communauté kassaïenne vivant à Lubumbashi, déclare-il vigoureusement. Que les autorités de l’UDPS tirent les oreilles de leurs adeptes, sinon ça va barder dans la ville de Lubumbashi ».
L’avocat Hubert Tshiswaka, lui-même ayant des origines kassaïennes, n’a pas tardé à dénoncer ces propos qui seraient de la manipulation politique. Sur son compte Twitter, avec cette vidéo en appui, l’avocat revendique ses racines et désapprouve les menaces des congolais contre les congolais.
« Je suis kassaïen né, grandi et vivant à Lubumbashi depuis plus de 55 ans. Je désapprouve et dénonce ces menaces tactiques des politiciens véreux contre toute une communauté, lorsqu’ils ont difficile à tenir la compétition contre quelques-uns de leurs adversaires politiques. »
L’ insécurité aurait-t-elle une couleur ?
Dans une autre vidéo tout aussi virulente publiée par un journaliste local sur Facebook, un homme bien entouré s’en prend aux jeunes de l’UDPS. A ceux-ci il associe l’inscrite dans la ville de Lubumbashi. Une déclaration à la suite de la manifestation qui a eu lieu contre la criminalité et qui aurait été initiée par des sympathisants du parti présidentiel sans informer les autorités.
« C’est vous qui avez le pouvoir mais c’est aussi vous qui créez l’insécurité. (…) Dans le Haut-Katanga, les autorités travaillent à la réduction de l’insécurité. Il ne reste plus que celle causée par la communauté kassaïenne », peut-on entendre, entre autres, dans la vidéo. Des propos accompagnés des menaces de représailles.
Mais dans un commentaire porté à un post sur Facebook, un internaute croit qu’on devrait d’abord reconnaître l’existence de l’insécurité et ses effets au lieu de se focaliser sur la manipulation politique. Et de s’interroger sur ce que font les autorités.
« Qu’il y ait manipulation politicienne ou pas, ce qui est évident est que l’insécurité bat son plein à Lubumbashi, et c’est inadmissible. On viole, on vole, on tue en toute quiétude, s’indigne l’internaute Sam Musans dans son commentaire. Que font les autorités ? ».