CIV : disciple de Kabila, Ouattara écarte Soro Guillaume des élections

In International, Opinions
Soro Guillaume

[Edito] Toujours, les unions contre nature ou trop circonstancielles finissent comme elles ont commencé. Et, on sait aussi que tôt ou tard en Afrique, les victimes d’injustice d’hier sont souvent les bourreaux de demain. Soro Guillaume le sait, Ouattara Alasane aussi.

Vingt ans de prison, c’est le coup de grâce que le président ivoirien Ouattara Alasane (ADO) assène à son ennemi Soro Guillaume.

Renvoyer l’assenceur à Soro Guillaume?

La guerre, sans aucune once de pessimisme, ne pouvait pas autrement épiloguer. Surtout si l’on sait que Soro Guillaume, en choisissant Ouattara Alasane contre Gbagbo Laurent à l’élection de 2010 qui a porté l’opposant victime de l’ivoirité à la tête d’une CIV (Côte d’Ivoire) qui en avait marre des violences et des querelles politico-ethniques.

Le prix ? Inutile d’aller fouiller dans les archives d’une entente entre les 2 qu’on sait fondée sur le principe « renvoyer l’ascenseur ».

Ouattara devait, si pas le désigner en successeur naturel, faciliter à Soro d’accéder à la magistrature suprême. Puisqu’il a été l’un des artisans de sa victoire.

Mais on le sait aussi, les mal-élus multiplient les alliances, souvent pas toujours naturelles. C’est pour s’offrir une illusion de stabilité et des pouvoirs qui ne tiennent en réalité qu’à un fil. La fragile entente entre les alliés.

Lire |[Edito] Laissez partir Joseph Kabila si vous l’aimez

Jusqu’à ce que finalement, les égos prennent le dessus sur les ententes et que les puissants se rêvent en dieux ou mâles dominants dans cette jungle africaine des salons hyperclimatisés que sont les capitales politiques.

Un seul dieu, une seule idôlatrie!

Puis, très vite, se murmurent des trahisons, sont ourdis des complots de part et d’autres. Et bing, les traîtres et mécréants sont désignés d’une part, et de l’autre, les gentils saints fils du dieu unique. A qui tous doivent un culte!

Et dans cette odeur d’idôlatrie, un seul peuple mérite l’attention due à un seul guide. Et le « Judas » est envoyé hors de la vue du dieu, à défaut d’une potence. Quelles que soient ses fautes ou ses raisons : il a tort. Toujours.

En tout cela, Soro Guillaume aura pris le chemin de Moïse Katumbi, l’opposant à Joseph Kabila puni d’exclusion à la présidentielle de 2018. Après avoir surtout subi plusieurs affaires judiciaires parfois sordides. Naturellement, pour avoir refusé de rester derrière « le guide », ou de rendre un culte jusqu’au bout de la foi.

Ouattara à l’école de Kabila

Et Ouattara Alasane endosse le costume de Joseph Kabila, l’ancien président de la RDC, auteur d’un système électoral authentiquement conflictuel.

On sait à quel point cela a permis de garder, au Congo, pratiquement le même rapport de forces entre protagonistes avant et après les élections très verrouillées. On sait aussi à quel point ces élections fragilisent les institutions qui en sont issues.

Les similitudes entre les 2 pays, la Côte d’Ivoire et la RDC, sont tellement flagrantes qu’il faut se demander pourquoi on parle de 2 pays différents plutôt que d’un seul.

On n’oubliera pas, pour cela, des violences trop sanglantes, des rébellions trop ethnicisées si bien que le vivre-ensemble s’en trouve menacé à chaque élection, à chaque crise politique. Au Congo comme en CIV.

Le plus choquant dans cette histoire, pour la CIV, c’est de voir que victime d’injustice comme il s’est présenté en 2010 à la présidentielle, ADO n’a réussi à faire exercer la justice que contre le camp des vaincus.

Dans un pays aussi quasiment fragile que la CIV, tout le monde devrait aller aux élections en toute liberté. La justice avait le temps de 2 mandats présidentiels d’ADO pour enquêter sur Soro. Le faire la veille des élections n’honore  pas ce pays que nous aimons.

Il ne reste qu’à espérer que la CIV sorte des élections qui viennent, plus à même d’aller plus loin et de l’avant. On se demandera toujours comment, tant les jonglages semblent se jouer avec les mêmes acteurs. Tous dans les mêmes conditions.

Il faut que règne la justice, en démocratie comme dans la fraternité. A moins que l’on ait travesti les normes, pour qu’on se convainque enfin qu’avec le contraire, paix et unité inclusive sont possible.

A moins aussi qu’il y ait une bonne dose de folie, pour croire qu’avec les mêmes recettes qui ont montré leur toxicité en RDC, la CIV s’en sorte plus agrandie.

CD

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