Le ministre des médias, Lambert Mende, est sans doute des plus en vue membres du gouvernement congolais depuis près de dix ans. Il a la réputation d’avoir des réponses à toutes questions. Surtout, il passerait aussi pour le champion de la langue de bois. Mais ce que l’on ignore, c’est que ce ministre rêve d’une censure qui finit par se révéler ridicule.
Difficile de savoir si le ministre de la communication de la RDC est en conflit avec les TIC ou s’il est simplement sclérosé. Même s’il dispose d’un compte Twitter, on se rendra bien compte qu’il ne le met pas à jour régulièrement. Ceci expliquerait-il ses piques contre « les usages abusifs » d’Internet? Un média que désormais tous les alibis réunis court le risque de censure?
Mende imagine une censure d’Internet comme dans l’audiovisuel
Monsieur Mende a parfois le malheur de jouer sur des terrains plus que glissants, où il est d’avance perdant. En plein scandale de Panama papiers, du nom des révélations fracassantes sur l’empire économique du président Joseph Kabila et ses proches, le ministre s’avise à censurer les médias. Il menace de poursuites judiciaires quiconque reprendrait ces informations mettant en cause le chef de l’État et ses proches.
Aussi incroyable que paraît cette décision d’un membre du gouvernement, le ministre pense ainsi empêcher aux congolais d’accéder à cette information. Elle circule de façon virale sur les réseaux sociaux. Il imagine, sans doute, ses compatriotes dans une caverne, en apeurant les radios et les télévisions. En moins de deux heures, par surprise, presque tous les internautes étaient informés.
En RDC, l’information c’est la télévision
La RTNC, média officiel de RDC, s’est obstiné à n’en point parler comme elle sait le faire à chaque grande révélation médiatique. Les radios et télévisions privées, éduquées par les fermetures d’autres médias libertaires ou proches de l’opposition, savent bien la boucler. Tant pis si Internet peut raconter des choses. Mais pas l’audiovisuel que l’on croit encore tout puissant pour les Congolais. L’information, pour d nombreux dirigeants congolais, c’est encore ce que dit la télévision. Voilà pourquoi est peut rester encore brimée.
Mais que diantre ! Les congolais n’ont que faire de cette censure. En réalité, il n’y en a même pas une qui vaille dès lors qu’une poignée d’entre eux a accès à Internet. Puisque l’information, passée du net aux rues des villes de la RDC, amplifiée par le très influent audiovisuel étranger, est au final connue de tous. Pire, faute d’un relais par les médias classiques, la rumeur s’en charge. Cela exaspère le pouvoir, renforçant son ressentiment pour les TIC.
La comédie congolaise
Le gouvernement que défend monsieur le ministre des médias et de la communication, s’éloigne ridiculement du siècle dans lequel il vit. Il montre qu’il ne le saisit pas. D’autant plus qu’à la place d’une information précise, pouvant stopper la rumeur, il alimente cette dernière par des menaces.
Le jeune député de Kinshasa Patrick Muyaya dira, pour tout résumer, « la comédie congolaise » ou le « théâtre de chez nous ». C’en est une, la comédie, celle d’un ministre qui croit stopper la circulation d’une information qu’il laisse courir sur le web. C’est sans apporter de preuve au démenti, mais uniquement par la menace.
CD
