Pas de manifestations publiques à Lubumbashi, 2e grande ville de la République démocratique du Congo, située au plus sud. La décision est du maire Jean-Oscar Sanguza, membre du parti présidentiel. Elle n’est pourtant pas nouvelle. Il la rappelle pour la « nième fois », indique un communiqué. Seulement, avec l’arrivée de Félix Tshisekedi attendue le 23 octobre, cette ville qui vire en état d’urgence inédit, vivra peut-être l’exception.
Félix Tshisekedi est fils de l’opposant Etienne, l’opposant décédé à Bruxelles. Il est devenu le chef du Rassemblement de l’opposition qui essaie d’appeler Kinshasa. A Lubumbashi, il compte prouver la popularité de l’opposition. Mais aussi, il piège le pouvoir.
Joseph Kabila pressé pour quitter le pouvoir
Il pourra peut-être lancer son appel à la mobilisation pour l’article 64 de la Constitution. Félix, en effet, considère que Joseph Kabila a déclaré la guerre au peuple, depuis que la CEN a annoncé attendre 504 jours pour organiser les élections. Ce qui amènerait à mi-2019, à compter de la fin de l’enrôlement des électeurs en cours dans les Kasaï.
L’Accord signé le 31 décembre 2016, alors que le dernier mandat de Joseph Kabila expirait, sans élections, prévoyait les élections avant la fin de 2017. Depuis septembre, le Rassemblement soutient une transition sans Joseph Kabila. L’ONU, par ailleurs, insiste sur le respect de cet accord.
Les manifestations sont interdites à Lubumbashi
La crainte, c’est de voir cet événement dégénérer. Et ce n’est pas sans raison, cette crainte. D’abord, parce que le pouvoir n’entend pas que cette Lubumbashi, base-arrière de Joseph Kabila, revête les couleurs d’opposition. Aussi, personne ne sait d’où partira la révolution à la burkinabè, tant prêchée par l’opposition. Appuyée sur l’article 64 de la Constitution, elle devrait, cette disposition, faire échec à toute personne, ou groupe de personnes, qui veut exercer le pouvoir en violation de la Constitution.
Jeudi dernier, le conseil urbain de sécurité présidé par le maire de Lubumbashi a annoncé l’interdiction de manifestations publiques. Le maire est revenu, dans un communiqué, pour rappeler qu’il fallait au préalable, 7 jours plus tôt, une demande adressée au maire, suivie de son autorisation écrite. Les « caravane motorisée, accueil avec caravane, meeting, marche, procession », sont interdits, selon le communiqué. Mais aussi les « rassemblement populaire, les attroupements, convention religieuse, veillée de prière et autres ».
Lire aussi “Lubumbashi : Célestin Pande rassure les Kasaïens“.
L’opposition embarrasse le pouvoir
Tout est donc réuni pour constater un état d’urgence qui frappe la 2e grande ville de la RDC, considère un juriste. « On ne doit pas continuer à nous prendre pour des enfants. Le maire prend pareille décision, en violation de la Constitution, et sans la moindre motivation », s’indigne-t-il.
Lundi, dans tous les cas, sera un test. Le régime de Joseph Kabila montrera sa capacité à fléchir, depuis son élection au conseil de Droits de l’homme onusien. Il pourra aussi se révéler, en revanche, plus répressif. L’opposition aurait misé sur cette double contrainte pour embarrasser le pouvoir et passer son message.
Didier Makal










