Gouvernance en RDC : la faute au régime politique ?

In Politique

De l’avis de plusieurs analystes congolais, le pays souffre de la forme de son régime politique. En effet, la RDC a un exécutif bicéphale, incluant le président de la république et le gouvernement ou le premier ministre. Cela compliquerait la prise et l’exécution des décisions qui concourent à la bonne gestion du pays. Et le coupable désigné, c’est le régime.

Le sujet intéresse plus d’un citoyen. Certains croient qu’effectivement, il existe des signes convainquants que le régime actuel ne convient pas à la RDC. Mais ne serait-ce pas une hallucination, une illusion ?

Le régime politique congolais, un mixage

Le professeur Jeff  Mudimbi, enseignant en sciences politiques, voit la réalité autrement. « Nous avons un régime hybride », constate-t-il. Autrement, le régime congolais n’est ni présidentiel, ni parlementaire. Ce politologue de l’université de Lubumbashi souligne qu’un régime politique est institué en fonction des besoins de la société. Mais chaque régime a ces principes et ces règles.

C’est aussi ce qu’affirme à demi-mots, le professeur Joseph Kazadi, chercheur en droit constitutionnel. Selon lui, « devant cette indétermination, les doctrinaires du droit ne sont pas unanimes avec le choix de régime opéré par la constitution [congolaise, ndlr] de 2006 ».

« Le régime politique en vigueur en RDC est bicéphale, ce qui est propre au régime parlementaire. Nous avons des ministres qui sont responsables devant le parlement, et nous avons un président élu au suffrage universel direct, ce qui renvoie au régime présidentiel. Conséquence, on parle d’un régime semi-présidentiel, à cause de ce mélange des formes », explique le politologue.

A en croire le professeur Joseph Kazadi, notre régime actuel est juste une composante du régime parlementaire. Cependant, son avantage c’est que le régime semi-présidentiel évite les abus de pouvoir.

Le régime présidentiel, pourquoi pas ?

Dans la logique de ceux qui en parlent, la RDC devrait essayer le régime présidentiel. Mais le professeur Jeff Mudimbi fait noter que le pays a déjà tout essayé. Pour lui, ce qui importe n’est pas le changement de régime, mais plutôt le respect des fondamentaux.

Pour les pro régime présidentiel, il s’avère qu’il peut être dangereux, voir dictatorial. Car il expose à une forte centralisation des pouvoirs, à en croire Clément Kayembe, analyste politique.

« Dans le régime présidentiel, explique-t-il, on constate la prédominance du président de la république sur les autres institutions, on le sens dans l’organisation et dans le fonctionnement de l’Etat. Or, dans le régime semi-présidentiel, le parlement constitue un contrepoids. »

En plus, ajoute Joseph Kazadi, « le régime présidentiel est soumis au principe de l’irrévocabilité mutuelle. Le chef de l’Etat ne peut pas dissoudre le parlement et le parlement ne peut pas déchoir le gouvernement, parce que les ministres sont les simples collaborateurs du chef de l’Etat, qu’il nomme et révoque ».

Quel régime convient alors à la RDC ?

Aujourd’hui, la question serait alors de trouver le meilleur régime pour la RDC, parce l’actuel est remis en question dans des débats publiques. Mais les avertis n’osent pas faire des propositions.

Jeff Mudimbi, par exemple, est on ne peut plus clair. « Je n’ai pas un seul régime à suggérer, car tous les régime déjà ont été expérimentés dans notre pays sans rien donner. L’essentiel c’est de connaitre les principes de chaque régime et les appliquer ».

Le politologue explique que « quelle que soit la nature du régime politique  mis en place, on n’assistera pas à une bonne gouvernance sans conformité aux principes et règles de jeu. C’est un problème d’hommes mais aussi d’adaptation du régime aux réalités du pays ».

C’est aussi la conviction de Clément Kayembe qui affirme autant que « c’est plutôt un problème d’hommes que de la forme de régime adopté par un pays ». Mais pour le professeur Joseph Kazadi, « c’est possible de changer de régime en passant par la révision constitutionnelle ». 

Les considérations de ces experts démontrent à suffisance que la RDC n’a pas nécessairement besoin d’un changement de régime. Mais peut-être d’un réajustement technico-politique. Car si quelqu’un devrait changer, c’est d’abord le gouvernant congolais, puis ses pratiques bien souvent hors-normes. 

Par Fidèle Bwirhonde

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