Le 17 mai 2017, la RDC a commémoré les 20 ans de la fin de la dictature de Mobutu. Que reste-t-il de la révolution de Laurent-Désiré Kabila ? Comment aborder l’espoir suscité par le nouveau régime ? Congo Durable (CD) en parle avec Jeff Mudimbi, professeur en Sciences politiques à l’Université de Lubumbashi.
20 ans après, que reste-t-il de la Révolution de Laurent-Désiré Kabila, le 17 mai en RDC?
Jeff Mudimbi (JM) : Malheureusement à l’heure actuelle, l’échelle de valeurs est renversée. Au lieu d’un pouvoir au peuple, c’est la classe dirigeante qui le confisque. Le climat est tel que le pays est malade de ses maux de toujours.
La considération dont jouit Laurent-Désiré Kabila aujourd’hui vous paraît-elle juste ?
Laurent-Désiré Kabila est venu libérer le pays de la dictature de Mobutu. Mobutu bénéficiait des circonstances politiques assez favorables pour promouvoir le développement de la RDC. Hélas, il a tout ramené à lui et n’a travaillé que pour lui. Le peuple en avait déjà marre. C’est ainsi que Laurent-Désiré Kabila a pris les armes jusqu’à le renverser. À chaque conquête, les forces de l’AFDL recevaient un accueil chaleureux de la population. C’est donc avec l’appui de la population que Kabila a conquis en très peu de temps ce géant pays. Cependant, lorsqu’il a pris le pouvoir, il a tout concentré entre ses mains. C’est seulement environ un an après qu’il tente de séparer les pouvoir par un décret.
Dans ce cas, le succès n’a pas été parfait pour Laurent-Désiré Kabila ?
À l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir, le peuple aspirait à la démocratie libérale, avec une pluralité des partis politiques. C’est par une démocratie du type marxiste, proche de la dictature qu’il dirige en ses débuts. D’où, il suspend les activités des partis politiques. Aussi, il suspend l’assemblée constituante dont les membres étaient nommés et déchus par sa seule personne, etc.
Quels aspects de l’idéologie de L.D. Kabila ont continué avec Joseph Kabila ?
Je pense que le président Joseph Kabila a pris pratiquement une voie opposée à celle de son père. Sur le plan international, L.D. Kabila n’était pas ouvert aux occidentaux. C’était un pouvoir autarcique d’obédience socialiste. Mais avec Joseph Kabila, on a vu une ouverture rapide à l’Occident. Bref, le fils n’a pas vraiment suivi les pas du père.
Des congolais considèrent que Laurent-Désiré Kabila a amené l’instabilité qui n’en finit pas à l’Est, en refusant d’honorer ses engagements étrangers. Qu’en pensez-vous ?
C’est un faux débat. On reproche à LD Kabila ce qu’on reproche à la Belgique dans le malheur de la RD Congo. Bientôt 20 ans qu’il est mort, et on n’a rien pu changer ? Et près de 60 ans après l’indépendance, nos gouvernants n’ont pas pu renouveler le pays qui n’a été colonisé que pendant 52 ans ? Comment avons-nous fructifié l’idéologie ou corrigé les erreurs de LD Kabila ? Il a bénéficié de certains aspects étrangers pour accéder au pouvoir, mais je ne suis pas d’accord avec ce débat !
Propos recueillis par Fidèle Bwirhonde