A Kasumbalesa, ville congolaise à la frontière avec la Zambie, des militants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS, « Base bilanga ») prélèvent des taxes. Le parti présidentiel s’est même doté d’une police dans ses actions de contrebande, déplorent les autorités du Haut-Katanga.
Un phénomène étrange, mais bien réel à Kasumbalesa, à côté de la douane. Dans cette ville située en face de la Zambie, des membres de l’UDPS de la section appelée « base bilanga », prélèvent des taxes depuis des mois sur des produits qui entrent frauduleusement au Congo. Et ce, au détriment des services de l’État placés à la frontière.
Le plus étonnant, c’est que les autorités de la province (Haut-Katanga) sont intervenues, sans que la pratique ne s’arrête.
Dans l’émission « Dialogue entre Congolais » le mardi 18 août 2020, le professeur Christian Kunda, directeur de cabinet adjoint du gouverneur Jacques Kyabula, a accusé le responsable de l’UDPS « Base Bilanga » d’être impliqué dans la contrebande douanière connue sous l’appellation « Bilanga ».
Il s’agit d’un phénomène qui consiste à faire passer des marchandises hors des voies douanières. Ce sont parfois des cargaisons entières qui sont déchargées et qui échappent ainsi aux voies officielles.
Des tentatives de remise de l’ordre, par les autorités locales, ont parfois suscité la violence ou butté sur des résistances.
Un État dans un État à Kasumbalesa
L’UDPS a mis sur pied sa propre administration et perçoit des taxes, selon le directeur de cabinet adjoint du gouverneur du Haut-Katanga.
Professeur Christian Kunda a cité le dépôt du parti politique, par lequel transitent les marchandises de la contrebande. Puis, l’établissement d’une grille tarifaire et la création d’une police (“milice”) chargée de sécuriser la perception des taxes.
« La fraude à Kasumbalesa connaît une nouvelle donne. Les membres de l’UDPS ont constitué la base bilanga qui veut se substituer aux services de l’État qui sont habiletés à travailler à la frontière », a dénoncé Christian Kunda.
Une semaine plus tôt, les gouverneurs du Lualaba, du Tanganyika et du Haut-Katanga sont intervenues pour dénoncer la situation qui prévaut à Kasumbalesa. C’était à l’issue de leur participation à la dixième commission mixte défense RDC-Zambie.
UDPS « base bilanga » rejette tout en bloc
Invité à la même émission de Radio Okapi, Isaac Tshiswaka, président sectionnaire de l’UDPS Kasumbalesa, pense que les autorités du Haut-Katanga s’acharnent inutilement contre son parti.
Il soutient que Bilanga n’est pas un phénomène de fraude, mais un quartier comprenant plusieurs maisons dont la permanence de l’UDPS. Ce que, par ailleurs, son co-débatteur, le directeur de cabinet du gouverneur, a rejeté. Puisque selon lui, il n’existe pas de quartier ainsi dénommé.
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Isaac Tshiswaka déplore pour sa part, que les autorités n’aient pas plutôt le temps de lutter contre la contrebande et la fraude orchestrées par des services étatiques. Il cite des services de police et de l’armée, le renseignement ainsi que d’autres services du fisc, 15 au total, qu’il accuse de faire perdre à l’Etat beaucoup d’argent.
Pour lui, la base de son parti n’a pas suivi les activités économiques à la frontière et n’est même pas établie à cet endroit. Mais, à la question de savoir pourquoi malgré l’appel du gouverneur à délocaliser le siège du parti le parti n’a pas réagi, le chef local de l’UDPS n’a pas répondu.
Il a plutôt reconnu avoir pris part à la réunion au cours de laquelle cet appel avait été lancé. Mais il estime que la lutte contre la fraude incombe plutôt au gouvernement et non à un parti politique.
Willy Mbuyu
