Cent vingt (120) ou plus ? Encore des morts complètement inutiles et surtout ridicules, en République Démocratique du Congo. Les pluies meurtrières qui ont frappé Kinshasa, le 13 décembre dernier, sont sur le banc des accusés. C’est ce qu’on répand partout. Et ce n’est pas totalement faux. Mais est-ce entièrement vrai ?
Après les avions dans les airs, les bateaux et véhicules mouroirs, c’est la ville qui tue maintenant. Au mieux, c’est la nature qui a tué.
Mais en vrai, c’est la faute à l’urbanisation, si les pluies meurtrières du 13 décembre bouleversent le pays. Pas plus que ça. Mais quelle facilité, que de procéder par un tel raccourci !
Se contenter de compter les morts et de les enterrer
La ville, aucune ville en réalité, ne tue personne. Un maire, un bourgmestre répondra toujours des déficits d’urbanisation, comme devrait le faire un ministre de transport.
Pourtant, les catastrophes se succèdent, personne ne répond de ces gravités. Des négligences qui finissent par donner l’impression qu’il n’y a pas de gouvernance. Que personne ne doit rien à personne dans ce pays.
Car, au final, qu’es-ce qui est gouverné en RDC, si même la sécurisation des frontières ne marche pas ? Que dire si pour venir à bout des groupes armés il faut mobiliser une partie du monde ?
La question qui se pose est alors : que font les ministres et autres dirigeants en RDC ? Plus précisément, à quoi sert le gouverneur de province, et son équipe avec lui ?
Le gouvernement prend vite en charge les frais funéraires. Et puis c’est tout. Tout le monde le sait dorénavant, dans ce pays. Mais on ne sait pas ce que font les dirigeants pour prévenir les morts en catastrophe. On est toujours prêt à les compter.
En effet en 2020, comme le fait la présente opinion, le site Environews regrettait que Kinshasa se contente de courir compter les morts. Deux ans après, le pire se (re)produit.
A Lubumbashi, à Bukavu ou à Kananga : le pire n’est pas loin
À Lubumbashi, à Bukavu ou à Kananga où des têtes d’érosion grandissent comme c’est le cas d’ailleurs à Mbujimayi, il faut craindre le même scénario qu’à Kinshasa. Ce n’est pas une prophétie.
A Lubumbashi, par exemple, des maisons ont poussé dans le lit de la rivière portant le nom de la ville. Quand les eaux remontent, les habitants leur laissent la place. Quand elles se retirent, les occupants regagnent leurs habitations.
Comme au sujet des évacuations des marchés et commerces établis sous les lignes électriques et des voies ferrées, les gens reviennent. Les dirigeants font semblant de traquer les récalcitrants. Puis, ils abandonnent au bout d’une ou deux semaines. C’est connu aussi de tous, ce mode de fonctionnement. Ainsi va le Congo, s’amuse-t-on à dire.
Les services de prévention ou des secours à l’abandon
Les services de prévention des catastrophes manquent cruellement, hélas ! Il manque jusqu’à la brigade de pompiers dans plusieurs villes comme Lubumbashi. Mal équipés, parfois peu formés ou peu entraînés, ceux qui sont présents dans la prévention ou les secours lors des sinistres, ne comprennent parfois pas eux-mêmes ce qui leur arrive. Ils sont là quand-même, malgré des conditions innommables présent. Ils savent pourtant à quel point ils devraient être utiles.
On s’habitue au mal, on s’accommode à l’anormal. Puis, on vit. Jusqu’à ce que, rebelote ! Éclate la catastrophe, comme les pluies meurtrières de Kinshasa aujourd’hui.
Tout le mal ainsi décrit a un nom: négligence. S’il y avait un juge à Kinshasa, au moins un maire, un ministre ou un bourgmestre paierait jusqu’à une peine de prison, pour autant des vies exposées au danger. Mais non, cela n’est pas congolais. Mais faut-il encore rappeler le drame de Matadi-Kiba, il y a seulement 10 mois !
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En vain on essaie de rendre responsables du pire les auteurs des constructions anarchiques. Mais les vrais anarchistes sont ceux qui ont le dernier mot sur les lotissements, l’occupation des terrains et ont l’obligation constitutionnelle de garantir logement décent et sûreté de la personne humaine.
DM