Cela fait un peu plus de 9 mois qu’il est mort, et sans tombe connue. Le sphinx de Limete, Etienne Tshisekedi, l’opposant jusqu’à son soupire, reste sur les traces de Mobutu et Tshombe. Comme eux aussi, le repos en terre natale semble difficile, du moins avec les dirigeants actuels en République démocratique du Congo. Mais la controverse autour du rapatriement d’Etienne demeure des très politisées.
Etienne Tshisekedi. C’est peut-être bien une affaire de destin pour les politiciens de sa génération. L’histoire ne porte-t-elle pas suffisamment de preuves ? Lumumba (1925-1961) est mort au pays, sans la dignité d’un père de l’indépendance et premier chef de gouvernement. Autant d’ailleurs que Kasa-Vubu (1917-1969), le premier président de la RDC. Et ce, avant le premier ministre Tshombe (1919-1969) dont la dépouille repose à Bruxelles. Mobutu (1930-1997) qui régna 32 ans sur son pays, repose en terre marocain à Rabat où il est décédé en exil.
Tshisekedi, un destin scellé
Un opposant historique, Tshisekedi l’a été et n’a pas visiblement pas changé de camp, du moins dans ses convictions. Car, même après sa mort, son esprit semble n’a pas encore dit oui à son enterrement. Seulement, son enterrement, mais avant tout son rapatriement d’une morgue bruxelloise où il attend, semble dépendre plus d’autres personnes que de lui. Un enterrement difficile que personne, malgré tout, ne veut porter. Le Sphinx ferait-il peur pour son succès supposé même après sa mort, ou simplement la crainte des troubles à Kinshasa ?
Même son parti, l’UDPS, n’a plus parlé de lui que comme père et maître. Son inhumation semble conclue au point que certains se convainquent, en RDC, d’un enterrement secret à Bruxelles déjà réalisé. Les tergiversations entre son parti (UDPS), le pouvoir et sa famille biologique, n’ont réussi qu’à produire des confusions.
Un complot organisé contre Etienne Tshisekedi?
Aujourd’hui, même son fils Félix Tsihisekdi ne sait plus rassurer lorsqu’il parle du rapatriement de la dépouille de son père. Un père de famille, un opposant, mais « Tshitshi », affectueusement ainsi appelé, était trois premier ministre de la RDC.
Au mois de mai 2017, tout semblait tellement sur le point de se réaliser, et Tshisekedi échapper au sort des morts exilés. Un mausolée sortait des terres de Kinshasa pour l’abriter. Au final, ce ne fut ni en périphérie de la capitale congolaise, comme voulu par le pouvoir, ni au siège de son parti, comme souhaité par ses proches.
Lire : Lubumbashi, une terre d’opposition ?
L’exil, la vengeance de Lumumba ?
En juillet, en plus des désaccords au sein de la famille sur l’enterrement au siège du parti ou dans une propriété familiale, l’Udps accuse le ministre de l’intérieur Emmanuel Shadari, de refuser de signer l’acte de rapatriement du défunt opposant. Joseph Kabila aurait, en plus, « décidé de ne plus voir le corps de Tshisekedi être rapatrié au pays », rapportait Jeune Afrique.
Pauvre Tshisekedi ! Le sort semble le rapprocher de Mobutu, Kasa-Vubu, Tshombe, tous liés de loin ou de près, à l’assassinat de Patrice Lumumba. L’exil, est-ce le sort de tous ?
Fidèle Bwirhonde
