C’est un cri de colère de nombreux internautes congolais. Depuis le début de la guerre entre l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23, de nombreux Congolais sont passés à l’offensive. Ils critiquent et dénoncent l’implication du Rwanda dans les violences armées dans l’Est de leur pays. Témoin de cet activisme : le hashtag « Rwanda is Killing » (#RwandaIsKilling).
C’est un véritable coup de colère (Rwanda is killing). À travers ce hashtag, les internautes congolais dénoncent l’implication de leur voisin qui, selon eux, arme le M23. D’autres vont plus loin, à la suite du gouvernement, pour l’accuser d’agression contre la RDC, en envoyant ses soldats sur le territoire congolais.
Alors, comme l’indiquent les « tendances » de Twitter ce lundi 13 mars matin, ils parlent du président Paul Kagame. C’est le premier constat frappant, lorsqu’on se met sur le hashtag « #RwandaIsKilling », c’est-à-dire, le Rwanda tue [au Congo]. Les dessinateurs et designers entrent eux aussi en scène, en alimentant cette campagne de dénonciation de Kagame. Ils le montrent sous plusieurs aspects, ensanglanté, pour soutenir la thèse de tuerie. D’autres le comparent à Hitler, l’habillant des costumes nazis, etc. Alors, ils le présentent comme un « criminel », pendant que d’autres exigent en anglais la chute de Kagame : « #KagameMustFall ».
Choisir l’anglais pour atteindre plus de monde
Le choix de cette langue, par ailleurs, n’est pas anodin. Ils savent qu’ils atteindront davantage de monde en incluant l’anglais dans leur mobilisation. Dans cette perspective, beaucoup ciblent aussi les célébrités. Des équipes de football européennes : Arsenal et Paris Saint Germain. Les deux, en effet, soutiennent la campagne de communication touristique brwandaise « Visit Rwanda » affichée sur leurs vareuses.
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La stratégie semble ainsi consister à choquer pour inviter à s’intéresser à ce qui se passe au Congo. Il règne dans ce pays, en effet, le sentiment que la guerre qui y persiste depuis l’après génocide rwandais n’intéresse plus le monde. Surtout, certains ont le sentiment qu’il existe plus de compassion pour le Rwanda, au nom du génocide. Pourtant, soutiennent-ils, il en existe aussi au Congo.
Ce personnage démoniaque sème la mort et la désolation à l’Est de notre pays, la #RDC depuis 28 ans ! Tueries, massacres, viols, concentration dans des camps de réfugiés, tel est le lot quasi quotidien des populations congolaises de l’Est. #RwandaIsKilling #KagameTue pic.twitter.com/9Aw55VIItz
— Alix (@LuvDRC) June 13, 2022
« Ce personnage démoniaque [Paul Kagame, NDLR] sème la mort et la désolation à l’Est de notre pays, la #RDC depuis 28 ans ! Tueries, massacres, viols, concentration dans des camps de réfugiés, tel est le lot quasi quotidien des populations congolaises de l’Est”, dénonce un Congolais sur Twitter. L’image qui illustre son tweet montre le président Kagamé dans un décor macabre. Tout ensanglanté, et lui-même ressemblant à un zombie. L’image affiche les logos Arsenal, PSG et BAL (Ligue africaine basket).
Rwanda is killing, une « bad Ads » pour le Rwanda
Bref, les Congolais parlent davantage du Rwanda, au point de faire grimper les « tendances » pour la RDC, en faveur de ce mot-clé ou hashtag. Mais il s’agit justement de la « bad Ads », la publicité négative. Puisqu’elle n’est pas qualitative pour l’image du pays du président Kagame. Celui-ci constitue aussi l’autre hashtag qui compte parmi les plus influents.
Mais des citoyens rwandais ne restent pas sans se battre. En lisant le hashtag #FDLR, on découvre que certains dénoncent des violations des droits humains dont seraient victimes des Tutsi ou des locuteurs du kinyarwanda, langue parlée au Rwanda. Ces allégations n’ont pas été établies en tant qu’actions systématiques. Mais elles suscitent davantage de réactions, y compris des réponses congolaises.
Certains accusent aussi l’armée congolaise de collaborer avec les rebelles rwandais tapis dans l’est du Congo. Ils y vivent depuis le génocide rwandais en 1994. Mais l’armée congolaise rejette cette accusation, tout comme le Rwanda rejette celle de soutien au M23.
Les réponses rwandaises
Par exemple, un internaute n’apprécie pas que la mission onusienne soutienne l’armée congolaise contre le Rwanda. Puisque les FARDC s’allient avec les FDLR qu’ils tiennent pour des criminels. Or, indique cet internaute, “A UN peacekeeping mission is by virtue, mandated to support the national army. However, when such national army aligns with killers, it is the duty of the UN to distance itself from them!”. Autrement dit, le devoir de la mission onusienne c’est de prendre distance avec les criminels, et non pas les soutenir.
Ainsi, la lutte entre civils congolais et rwandais se poursuit sur Internet, alors que sur le terrain, les deux pays s’accusent de soutenir mutuellement des groupes armés qui leurs sont hostiles. Visiblement, la diplomatie que mène l’Angolais en vue de rapprocher les dirigeants de ces pays ne semble pas encore produire des résultats.
#FARDC–#FDLR–@MONUSCO are loosing too many men on the battlefield. This bothers me.
A UN peacekeeping mission is by virtue, mandated to support the national army.However, when such national army aligns with killers, it is the duty of the UN to distance itself from them!#DRC pic.twitter.com/TESl8uozmz
— Gatete Nyiringabo Ruhumuliza (@gateteviews) June 8, 2022
CD