Du haut de ses 36 ans d’âge, Laurianne Kalombo Mwewa pourrait être la plus jeune maire que Lubumbashi ait connue. Depuis cinq mois elle trône sur la ville avec quasiment les pleins pouvoirs de maire, elle qui n’est encore qu’intérimaire. C’est un événement célébré par plusieurs médias locaux. Certains, à l’instar du site lushiactu.com, parlent d’une guerrière. Dans leurs informations depuis une semaine, ils énumèrent ses succès et la compare à ses plus récents prédécesseurs.
Sur la télévision Kyondo par exemple, c’est une maire à la carrure imposante qui est présentée avec les avis des citoyens. Les journalistes donnent la parole aux habitants de la ville qui commentent les actions de la maire intérimaire et les avis sont partagés.
De plus en plus influente mais pressée
« Dans certaines situations, elle y va à la va-vite, elle est un tout petit peu populiste. C’est vrai, elle a le sens du courage, du leadership. On a vu avec la situation liée aux motocyclistes. Son prédécesseur avait essayé d’aborder la question, mais il n’avait pas pu », se rappelle Jérémie Yav, au micro de Kyondo. Il décrit une “dame forte”.
Elle a installé des poubelles publiques dans la ville, ajoute Yav, et des balayeurs engagés dans l’opération ville propre. « Mais je ne voudrais pas que la loi de la conformité la rattrape en initiant des actions juste pour une petite période, question peut-être d’attirer l’attention et de s’imposer » avant de rentrer lâcher prise, prévient Yav.
« Elle a évacué d’abord la saleté du centre-ville. C’est visible », explique un autre jeune lushois (habitant de Lubumbashi) qui cite aussi l’évacuation des taxis motos du centre-ville. C’est justement cette évacuation qui lui a valu beaucoup d’appréciation, explique un ancien ministre vivant dans la ville. Il voit même en elle une descendante naturelle de Floribert Kaseba, un illustre maire de Lubumbashi. Il tenait davantage à la propriété et la fierté surtout de la ville.
Laurianne Mwewa, “notre Poutine” en action
Or, depuis 2018, des Lushois estiment que leur ville a perdu de sa splendeur. Du fait, entre autres, de la génération du marché à la sauvette dit “pirate”. Le maire Ghislain Lubaba, titulaire de Laurianne Mwewa à l’époque, a tenté plusieurs fois de renvoyer les vendeurs, sans succès. En plus, il a fait face aux taxis motos qui ont occupé d’importants espaces publics comme la poste sans jamais réussir à les délocaliser.
Laurianne Kalombo Mwewa, dès le rappel de son titulaire à Kinshasa, il y a cinq mois, s’est attaquée à ces deux phénomènes. Sa détermination et les réponses violentes des concernées, notamment du fait des insultes et de la politisation qui s’en est suivie, lui a valu le surnom de Poutine.
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Depuis, ses admirateurs l’appellent “maman Poutine”, en référence au président russe réputé sévère et tenace dans ses actions et décisions. Mais pour ses détracteurs, ce surnom est censé dénoncer son caractère sévère.
Visiblement, l’admiration l’emporte sur les critiques négatives. D’autant plus que la maire intérimaire de Lubumbashi a bénéficié d’un appui de nombreux Lushois lors des tensions communautaires qui avaient suivi son opération d’évacuation des motards et vendeurs ambulants du centre-ville. A ce jour, cette jeune dame de 36 ans, semble compter parmi les politiques les plus en vue dans la ville.
CD