Il y a un an, la République démocratique du Congo et “Ventora Development Group” (Ventora) de l’homme d’affaires Dan Gertler avaient signé un accord sur les actifs miniers et pétroliers. De février 2022 à ce jour, le pays n’a que perdu des millions. La société civile et le collectif “Le Congo n’est pas à vendre” (CNPAV) alertent sur ces pertes que la RDC continue à enregistrer suite à cet accord.
Selon le CNPAV, Ventora a « empoché plus de 60 millions de dollars depuis qu’elle a signé cet accord avec la République démocratique du Congo. » Il s’agit des résultats d’une enquête de 2021, présentés au cours d’une conférence de presse à Lubumbashi le 09 mars 2023.
« Il est tout à fait clair qu’une année après, la signature de cet accord n’est pas bénéfique à la République démocratique du Congo et ses populations ». C’est cequ’a déclaré Fabien Mayani, membre du CNPAV.
Encore plus de pertes dans les jours à venir
Le sujet défraie de nouveau la chronique en RDC. Mais les organisations de la société civile dont “Le Congo n’est pas à vendre” ne s’accordent pas encore. En effet, il y a une autre frange de la société civile qui conteste les révélations du CNPAV. Elle qualifie de faux les chiffres présentés. Pourtant, l’enquête alerte avec insistance sur des pertes continues si la RDC ne réagit pas.
Par exemple, le pays pourrait encore perdre au moins « 1,8 milliards au titre des royalties » (les redevances récupérées par Ventora) dans trois projets miniers. C’est notamment KCC, Mutanda Mining et Metalkol dans le Lualaba. Ventora ne devrait attendre de la RDC qu’une somme de « 240 millions » de dollars de la part de la RDC pour les actifs pétroliers et miniers.
« M. Dan Gertler continue à gagner plus de $US 200 000 par jour en moyenne grâce à ses royalties, et ce pour une période allant jusqu’en 2039 ». Ainsi prévient le CNPAV dans un communiqué de presse. « Nous n’inventons pas ces chiffres, précise Baby Matabishi du centre Carter. Nous partons de l’accord qui existe déjà. Nous savons que les royalties c’est une redevance de production. Il y a eu production ou pas ? Et donc, il faut payer la redevance puisqu’il y a production tous les jours ». Selon lui, l’homme d’affaires israélien « continue de percevoir un droit qui revient à l’Etat congolais ».
Mais pourquoi attaquer Ventora aujourd’hui ?
En octobre 2022, Ventora se plainganait de subir “une campagne de dénigrement contre son image“. Elle s’estimait attaquée de la France à la RDC par les médias dans le but de manipuler l’opinion. Serait-ce encore le cas ? Non, à en croire la société civile qui note que si la tendance n’est pas inversée, la République démocratique du Congo va demeurer perdante. Cela explique qu’on soulève le sujet aujourd’hui. Le CNPAV souligne que la perception des royalties par la Société Ventora va aller jusqu’à l’épuisement des minerais. Ce qui ne laissera à la RDC que des crevasses. C’est pourquoi le CNPAV invite les autorités congolaises à renégocier l’accord signé avec Ventora.
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« Nous réclamons les royalties parce que elles occasionnent une perte énorme pour l’Etat congolais. Cet argent aurait servi à la construction des routes ou des hôpitaux. Les minerais sont épuisables. Le jour où ces minerais vont s’épuiser, nous n’aurons aucun mot à dire aux générations futures ». C’est l’inquiétude explimée tristement par Bienvenue Mutanga, membre du mouvement citoyen Filimbi.
Cependant, la RDC affirmait l’année dernière (2022) avoir définitivement récupéré les actifs miniers et pétroliers auprès de Ventora. Ce qui permettrait à Dan Gertler de bénéficier d’un soutien de la part du gouvernement congolais dans l’obtention de la levée des sanctions américaines. Des sanctions pour corruption et détournement des fonds au Congo.
Par Gloria Mpanga