Marche de l’opposition à Kinshasa : une répression de trop dans un pays blessé

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À Kinshasa ce 20 mai, le sang a encore coulé dans la rue. Des policiers congolais sont accusés d’avoir tiré sur des citoyens congolais dont le seul tort est d’avoir participé à une marche de l’opposition. Moïse Katumbi, Delly Sesanga, Martin Fayulu et Matata Ponyo, ténors de cette marche, n’en reviennent pas. C’était une manifestation voulue pacifique contre la cherté de la vie. Sa fin a rappelé années sombres de l’histoire récente de la RDC. Mais que s’est-il réellement passé ? L’opposition accuse, le pouvoir récuse.

C’est une marche qui aurait dû avoir lieu le 13 mai. Elle a connu un report sur demande des autorités et l’opposition était d’accord, gagnant en confiance pour son ouverture. C’est finalement ce 20 mai 2023, jour qui marque aussi le 4ème anniversaire du retour de Moïse Katumbi de l’exil, qu’elle a eu lieu. Mais elle n’aura pas satisfait les attentes des organisateurs. Cette marche de l’opposition à Kinshasa aurait pu pourtant profiter à l’image du pouvoir en place aussi. Elle s’est transformée en affrontement.

Ngobila et l’opposition s’accusent et se plaignent 

Selon le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, tout se serait bien passé. C’est l’opposition qui a trahi ses engagements. Une phrase facile, autant que pourrait venir des opposants. Pourtant, l’opposition aussi crie à la mauvaise foi des gouvernants, dénonçant « une répression sanglante » de leur manifestation.

Face à cette situation, Ngobila a annoncé une plainte, dès lundi, contre les opposants. Mais pour quelle faute ? Ils sont accusés de « non respect des indications sécuritaires émanant de la réunion d’harmonisation, non respect de l’itinéraire et actes délictueux commis par leurs militants ». En effet, l’opposition et les autorités de Kinshasa ont eu une réunion en amont pour harmonisation sur l’organisation de la marche de ce 20 mai. Les conventions n’ont pas été respectées, se plaint le Gentiny Ngobila Ngobila.

Pour Moïse Katumbi, la répression de ce jour aurait pu avoir lieu mais venant du pouvoir en place, c’est inacceptable. « Si ça venait de quelqu’un d’autre, je serais d’accord pas Félix Tshisekedi », a regretté l’opposant. Se souvenant de leur lutte commune contre Kabila, Katumbi estime que Félix Tshisekedi a perdu le sens du combat pour le peuple.

« Si je me rappelle notre combat dans le temps, c’était pour libérer les Congolais de la misère, mais c’est vraiment très triste aujourd’hui. Je crois que le Président Félix Tshisekedi doit réfléchir deux fois ». Katumbi, dénonce et accuse ainsi son ancien allié, Félix Tshisekedi qui aurait ordonné l’intervention brutale de la police. D’ailleurs pour Martin Fayulu, ce qu’a subi l’opposition « est une preuve de la dictature instaurée par Félix Tshisekedi ».

De la brutalité contre la marche de l’opposition

Selon le correspondant de Radio France Internationale à Kinshasa, c’est depuis 8h00 du matin, alors que certains manifestants se réunissaient déjà, que des éléments de la police ont été déployés. « Dès l’aube, la police a déployé ses unités, y compris ses chiens, dans les points chauds ciblés par les manifestants ». Était-ce par mesure de prudence ? En tout cas, l’opposition n’a pas bénéficié de l’encadrement promis par la loi, regrette-t-elle. Des scènes choquantes ont caractérisé la journée et ému les internautes.

Le plus grand choc est venu d’une vidéo devenue virale sur internet. On y voit des policiers congolais traînant un petit garçon, le rouant des coups avec brutalité jusqu’à l’embarquer dans un fourgon. C’est un enfant. Son seul tort c’est d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Pourtant il n’était une menace pour personne.

Lire aussi : Amensty International dénonce une « répression acharnée contre toute dissidence en RDC »

Les premiers chiffres officiels (de la police) rapportent 3 policiers interpellés pour violence sur mineur, 4 civils et 9 policiers blessés, un sous-commissariat saccagé.

Alors que la marche de l’opposition était autorisée, l’autorité urbaine de Kinshasa a tout de même instruit la police à disperser tout regroupement de plus de 10 personnes, renseigne politico.cd. Ce média ajoute, citant la police, que celle-ci était prête à encadrer la manifestation à condition de respecter l’itinéraire prédéfini.

Qui assumera les dégâts de la marche de l’opposition à Kinshasa ?

On ne l’admettra pas mais le premier coupable des dégâts enregistrés devrait être le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila. Il savait ce qu’il passerait lorsqu’il a autorisé 3 manifestations politiques différentes dans une même ville, le même jour. A-t-il piégé les opposants ? Sachant que sur les trois activités, deux sont proches du pouvoir. Il s’agissait des jeunes du parti présidentiel et de la sortie d’un nouveau parti soutenant le même pouvoir.

Lire aussi :  Lubumbashi : une marche de Ensemble pour la République réprimée par la police

Par ailleurs, l’opposition accusée de n’avoir pas respecté l’itinéraire convenu, a donc aussi favorisé les violences enregistrées ce 20 mai, si cela se vérifie. Mais ceci ne justifie nullement pas la force disproportionnée utilisée par la police. Son intervention maladroite a encore blessé des familles, même si on a signalé aussi des policiers blessés. La police n’était ni attaquée ni menacée pour en venir aux armes et à la répression.

Des organisations de défense de droits de l’homme dénoncent des pressions sanglantes sous l’état dit droit en RDC. L’IRDH de Hubert Tshiswaka, par exemple, rappelle que ce qu’il s’est passé est une atteinte aux articles 6 et 26 de la constitution de la RDC. Dans un communiqué, l’institut de recherche en droits humains condamne « fermement cette barbarie contre des manifestations pacifiques ».

Par Fidèle Bwirhonde

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