Le 30 juin dernier, fête nationale de la RDC, Félix Tshisekedi a lancé un appel à la jeunesse : s’enrôler dans l’armée. Cette invitation fait suite à l’agression que subit la RDC depuis des années et qui s’accentue. L’objectif serait de renforcer les forces de défense et de sécurité dont dispose le pays. Mais notre armée donne-t-elle réellement envie de l’intégrer ? On devrait la rendre plus attrayante pour plus de performance.
Cet appel du chef de l’Etat a sonné tel un aveu des limites qu’atteignent les forces existantes sur le terrain. Mais aussi une invitation à la jeunesse à se prendre en charge. Car en effet, le pays a besoin de ses fils et filles pour survivre à toutes les menaces. Mais c’est peut-être une reconnaissance enfin, que le pays est en guerre.
Un quotidien militaire décourageant
Cependant et malgré un certain degré de patriotisme, cet appel ne suffira pas à éliminer les hésitations. Les conditions des vie de notre armée repoussent plus qu’elles n’attirent de nouvelles recrues. La plupart des camps militaires, par exemple, sont en ruine. La promiscuité y règne, les civils et les militaires cohabitent, et le sens de l’armée se dégrade.
Dans le pire des cas, certains vaillants soldats n’ont pas de toit. Ils n’ont que des bâches qui abritent parfois jusqu’à 10 personnes ou plus. La ville de Lubumbashi, la 2ème du pays, est un exemple que l’Etat congolais veut avoir des soldats mais n’investit pas assez dans leurs conditions de vie. Ce qui nourrirait une démotivation parmi les troupes, jusqu’à provoquer de la réticence chez les candidats potentiels. Pourtant pour un jeune à la recherche d’un emploi, l’appel du chef de l’Etat aurait pu sonner comme une aubaine. Mais non, pas assez.
Oser attirer les intellectuels aussi dans l’armée congolaise
Il est malheureusement constaté que la plupart de ceux qui rejoignent l’armée ou la police sont souvent des personnes sans attache. Les intellectuels, on le sait, y vont aussi mais nombreux le désir sans jamais oser. Pour attirer davantage les hommes et femmes lettrés dans l’armée, Philly N’Sabanga, criminologue, pense que la rémunération des militaires devrait s’améliorer.
Il estime que « le chef de l’Etat devrait tout faire pour que la solde d’un militaire atteigne ne serait-ce que 400Usd ou son équivalent pour le moins gradé. Cela pourrait permettre à un militaire qui a au moins deux enfants de relier le deux bout du chaque mois. » Philly N’Sabanga est convaincu qu’avec une offre pareille « il est possible de voir les partis politiques se vider de leurs jeunes sans-emplois constituant une menace à la sécurité inter urbain. »
De son côté, Jeff Mbiya, membre de la commission de la réforme sécurité et justice, ne partage pas ce point de vue. Pour lui, c’est dans l’armée que l’Etat congolais paye le mieux. « De toute la fonction publique congolaise, affirme-t-il, le militaire reste l’agent le mieux payé quoique le train de vie pose problème ». Il croit toutefois qu’il faut améliorer les efforts actuels. Par exemple, devrait y avoir une loi qui puisse « doter l’armée d’un budget spécial et des infrastructures adéquates. »
L’enrôlement dans l’armée congolaise devrait dépasser les discours politiques. Il faudra une réelle politique gouvernementale qui prenne en compte les désidératas de l’armée et améliorer les résultats sur le terrain. Le président de la république, désigné commandant suprême des forces armées, devrait penser à une reforme. Une loi de programmation budgétaire devrait enfin être votée.
Eric Cibamba